Pour faire un bébé, il n’y a pas de miracle, il faut faire l’amour... souvent. Pour certains couples, la conception prend plus de temps que prévu. Une situation qui pousse parfois la femme à vouloir savoir précisément quand elle est fertile afin de multiplier les rapports sexuels pendant cette période.
Si le modèle de la courbe de température (lire ci-contre) est vieux comme le monde, il y a désormais plus high-tech. Le bracelet AVA, conçu à Zurich en 2014 et commercialisé dans 34 pays, mesure cinq paramètres biologiques afin de prédire avec plus de précision la période fertile. Selon les informations fournies par le fabricant, en portant AVA, la femme connaît ses six jours fertiles, alors que les tests d’ovulation fournissent un laps de temps plus court.
«Les tests urinaires vendus en pharmacie mesurent l’élévation de l’hormone lutéinisante (LH), correspondant au pic ovulatoire. Ce dernier se produit 24 heures avant l’ovulation. Cela laisse donc 48 heures en tout pour concevoir, car l’ovule se dégrade dans les 24 heures suivant son expulsion s’il n’est pas fécondé, explique Julie Benard, médecin-cheffe de clinique au service de médecine de la reproduction et d’endocrinologie gynécologique des HUG. Le bracelet connecté, bien qu’il mesure toute une série de paramètres, ne semble pas offrir de réelle plus-value aux bandelettes urinaires.»
D’autant que les femmes qui ont un cycle régulier (d’une durée de 28 jours environ) ovulent entre le 12e et le 14e jour. Grâce au temps de survie des spermatozoïdes dans le vagin, les rapports ayant lieu jusqu’à cinq jours avant l’ovulation peuvent aboutir à une grossesse. Et Julie Benard de préciser: «On préconise de consulter si aucune grossesse ne survient après un an de rapports réguliers non protégés.»
Un laps de temps à diviser par deux lorsque la femme a plus de 35 ans. Et il ne faut pas hésiter à voir un médecin si les cycles sont absents ou s’il y a eu des antécédents de maladies pouvant affecter la fertilité.
Daniel Wirthner, directeur médical du Centre médical pour la fertilité de Lausanne (CPMA) précise: «Les tests urinaires vendus en pharmacie coûtent cher et peuvent fournir des résultats faussement négatifs. Ces aides à la conception ne changent rien chez les couples qui n’ont pas de problèmes avérés de fertilité. Ce qui fait réellement la différence, c’est la fréquence des rapports sexuels.»
AVA affirme que grâce à sa technologie, les femmes doublent leur chance de tomber enceinte. Le fabricant se base sur une étude de 1995 qui affirme que les relations sexuelles planifiées permettent aux couples de doubler leurs chances de conception en comparaison à une conception non programmée ou aléatoire. En d’autres termes, faire l’amour deux semaines après le début des règles a plus de chance d’aboutir à une grossesse qu’un jour avant.
Le bon sens semble primer sur la technologie.
«Les données mesurées par AVA sont pertinentes en ce qui concerne l’optimisation des chances de grossesse spontanée: ce sont des paramètres influencés par les variations hormonales qui caractérisent le cycle menstruel, mais sa réelle valeur ajoutée me semble discutable, explique Pierre-Antoine Pradervand, chef de clinique en médecine de la fertilité et endocrinologie gynécologique du CHUV. En effet, pour les femmes qui ont des cycles réguliers, celles à qui s’adresse AVA selon la recommandation du fabricant, tenir un bête agenda papier pour avoir une meilleure vision de la durée du cycle est déjà très bien. Le calcul de la période ovulatoire, donc fertile, est alors facile à faire et je ne suis pas sûr que la précision vantée par AVA soit nécessaire. A trop vouloir tout contrôler, les couples s’épuisent et perdent la spontanéité bienvenue qui devrait entourer cette période d’essai de conception. S’intéresser à son cycle ovulatoire, à sa physiologie me semble être favorable, mais j’éviterais de médicaliser d’emblée ce qui en principe se fait naturellement à la maison. Le désir de grossesse peut devenir obsédant et le marché propose toute sorte de gadgets censés accélérer l’arrivée de l’heureux événement tant attendu. Il est toutefois bon de garder un esprit critique et ne pas hésiter à en discuter avec un spécialiste.»
Conseils pour faire un bébé
Avoir moins de 35 ans (pour la femme)
La fertilité de la femme baisse après 35 ans. Par ailleurs, il est rare de parvenir à tomber enceinte sans aide une fois la barre des 40 ans passée. Après 42 ans, seuls 5% des grossesses ont lieu de manière biologique et le risque de fausse-couche est élevé. L’âge du père a aussi son importance. La qualité des spermatozoïdes et leur capacité à donner correctement la moitié de leur matériel génétique sont moins bonnes après 45-50 ans.
Avoir une bonne hygiène de vie
Alcool, tabac, cannabis et drogues ne font pas bon ménage avec le désir d’enfant. Idem pour le stress. Une vie saine aide clairement à la conception. Par ailleurs, l’obésité diminue la qualité des ovocytes et augmente le risque de fausses-couches, sans oublier l’impact qu’un excès de poids peut avoir sur la libido.
Avoir des rapports fréquents
En faisant l’amour souvent (deux à trois fois par semaine) et régulièrement, les chances de concevoir sont évidemment plus élevées qu’en se limitant à la période fertile supposée.
Les aides à la conception
Le thermomètre
En mesurant sa température tous les matins au réveil, la femme va constater une hausse d’un demi degré environ, au moment de l’ovulation. La période pour avoir des rapports sexuels dans le but de procréer n’est alors guère supérieure à 24 heures. Ce processus est très fastidieux car il implique une prise de température quotidienne.
Tests urinaires d’ovulation
Il en existe deux types. Ceux qui mesurent le pic de LH et indiquent au couple d’avoir des rapports dans les 48 heures suivant ce pic. Le coût d’un paquet est d’environ 35 fr. pour 10 bandelettes.
La marque Clearblue détecte la LH mais aussi les œstrogènes (qui commencent à augmenter quelques jours avant l’ovulation), il fournit donc un laps de temps plus grand pour concevoir: quatre jours au lieu de deux.
Son prix est d’environ 80 fr. pour 10 bandelettes.
Bracelet connecté AVA
Il se porte toutes les nuits et mesure:
⇨ la température cutanée (elle augmente au moment de l’ovulation)
⇨ le pouls au repos (il augmente environ cinq jours avant l’ovulation)
⇨ le rythme respiratoire (il augmente du lendemain de l’ovulation jusqu’aux règles)
⇨ la durée du sommeil profond et de celui paradoxal, grâce à un podomètre intégré (influence la qualité des mesures prises par le bracelet, selon le fabricant)
⇨ le rapport VFC, soit le rapport entre les ondes à basse fréquence et les ondes à haute fréquence de la fréquence cardiaque. Il s’agit d’un indicateur du stress.
«Pour obtenir des prévisions personnalisées et fiables, il faut porter le bracelet AVA toutes les nuits, surtout durant les premiers cycles, où le capteur apprend à connaître l’utilisatrice, explique Vicky Kummer, global brand manager de la marque. Le bracelet dispose de deux algorithmes. L’un d’eux est purement prédictif et se base sur les informations fournies par la femme lors de sa première utilisation. Le second se base sur les données enregistrées et il affine le pronostic en fonction du nombre de cycles enregistrés. Les algorithmes ont été créés pour les femmes qui ont des cycles réguliers, soit qui durent entre 24 et 35 jours, mais les données physiologiques enregistrées peuvent être utiles pour toutes.» Son prix: 299 fr.
Yseult Théraulaz