Les radiographies permettent aux dentistes de dénicher les éventuelles caries qui se seraient cachées entre deux dents ou sous un plombage. Un service de routine recommandé par six praticiens sur douze, selon notre sondage. Certains le font tous les deux ans, d’autres, chaque année. Tous le proposent indépendamment du fait que le patient se plaigne de douleur et même s’il n’y a plus de carie depuis longtemps.
C’est que chaque radiographie coûte entre 20 et 30 francs. A coup de dix patients par jour avec deux images chacun, on arrive facilement à 600 francs, sans compter les autres frais de consultation. Voilà donc une intéressante source de revenus. Rentable, mais pas anodine.
Cancer et insuffisance pondérale
Lors d’une radiographie, le patient est exposé aux rayons X, c’est-à-dire à des rayonnements électromagnétiques qui traversent la matière vivante et peuvent, potentiellement, endommager le matériel génétique des cellules. Autrement dit, augmenter le risque de tumeurs. La dose de radiation est faible. Mais, comme le relève le cancérologue Claudio Knüsli, «même une faible dose de rayonnements peut s’avérer dangereuse». Plusieurs études l’ont d’ailleurs confirmé: radiographier les dents chaque année, c’est augmenter inutilement les risques de tumeurs cérébrales.
Les femmes enceintes devraient aussi se méfier. Parue dans le journal de l’American Medical Association, une recherche a en effet permis de démontrer que celles dont les dents avaient été radiographiées pendant la grossesse, étaient plus susceptibles de donner naissance à un enfant présentant une insuffisance pondérale.
Revoir le rythme
Il serait donc bien de ne plus radiographier «aussi régulièrement», estime Dorothea Dagassan, médecin-dentiste et responsable de la radioprotection au sein de la Société suisse des médecins-dentistes SSO. Selon une étude de l’Université de Zurich, un intervalle de huit ans serait par exemple largement suffisant pour un enfant sans carie. Quant aux adultes qui n’ont plus eu de carie depuis longtemps, ils peuvent tout à fait «attendre plus d’un an ou deux», selon Michael Bornstein. Membre de la Société suisse de radiologie dentaire, ce dernier conclut que «nous ne devrions faire des radiographies que s’il y a une raison claire, notamment si le patient se plaint de douleurs». Un principe qui s’appliquerait même à ceux qui portent des prothèses ou des implants dentaires.
Katharina Baumann / sh