Relever ses mails dans le train et chercher des informations en ligne sans entamer son forfait de données: en 2022, voilà qui devrait aller de soi. Mais ce qui est possible dans un Car Postal et dans les pays voisins (lire encadré) ne l’est que partiellement dans les trains suisses. L’application FreeSurf proposée par les CFF dans les trains InterCity et Interregio porte mal son nom: elle ne fonctionne qu’avec certains abonnements mobiles.
Les grands opérateurs ont, certes, adhéré à ce système. Cela concerne Salt, Sunrise et – depuis décembre 2021 – Swisscom ou encore digitec connect et Quickline. Mais il est incompatible avec les contrats passés auprès de M-Budget, Coop Mobile, Aldi Mobile, Yallo, Lebara, Wingo. Dommage! C’est justement souvent avec ces abonnements que les forfaits de données sont limités. Les clients d’UPC n’y ont pas non plus accès.
Impossible, en outre, de se connecter au wifi avec un ordinateur portable: seuls les smartphones ou les tablettes munies d’une carte SIM sont concernés par l’offre. Quant aux touristes sans abonnement mobile suisse, ils passeront à la caisse, sauf s’ils sont équipés d’une carte à prépaiement Sunrise.
Grandes lignes mal desservies
Le lobby de défense des usagers Pro Rail Suisse ne mâche pas ses mots: «Nous attendons des CFF l’accès internet gratuit dans les transports publics, et ce indépendamment des opérateurs téléphoniques», déclare la présidente Karin Blättler.
Une exigence qui semble réaliste, puisque, selon la concession pour le trafic de longue distance, «les CFF doivent respecter leur engagement de fournir un accès gratuit à l’internet sur l’ensemble du réseau grandes lignes».
Le grand écart entre cet objectif et la réalité n’émeut cependant pas l’Office fédéral des transports. «Sur le plan légal, les CFF ont rempli leurs obligations», relève le porte-parole Michael Zeller. L’ancienne régie fédérale a en effet jusqu’à 2029 pour mettre cette exigence en pratique. De plus, elle est libre de choisir la technologie pour la connexion à bord des trains: les CFF ont ainsi opté pour des liaisons directes aux réseaux des opérateurs.
Encore un effort
Ils estiment ainsi obéir aux termes de la concession en couvrant 90% du marché. Un point de vue qui se heurte, cependant, à la réalité des chiffres: sur les 450 000 personnes qui empruntent chaque jour des trains à longue distance, seules 3500 profitent régulièrement de l’offre Freesurf, soit moins de 1%!
Pour le conseiller national socialiste Matthias Aebischer, il est clair que la situation laisse à désirer. Le Bernois avait exigé, en 2018 déjà, l’accès en ligne gratuit dans tous les trains, ce qui n’est toujours pas le cas aujourd’hui: «Les CFF doivent encore faire des efforts.»
A défaut de surfer sans frais pendant le voyage, on peut se connecter gratuitement, pendant une heure, dans 80 gares de Suisse. Il faut s’enregistrer en entrant «Wifi CFF» dans le moteur de recherche du site cff.ch et entrer le code reçu par SMS, que ce soit sur son téléphone, sa tablette ou un ordinateur portable.
Mirjam Fonti / chr
Connexion gratuite dans l’Oberland, à Paris ou à Venise
L’alternative à la connexion directe au réseau passe par la technologie WiFi, qui regroupe les différents réseaux de téléphonie mobile sur un routeur. Cette option permet de se connecter sans carte SIM, donc sans abonnement, que ce soit sur un smartphone, une tablette ou un ordinateur portable. Idéal pour relever ses mails et chercher des informations en ligne. Le système n’est toutefois pas conçu pour télécharger des fichiers volumineux pendant le trajet.
C’est l’option choisie par Car Postal: on surfe ainsi gratuitement depuis dix ans à bord des fameux véhicules jaunes. Les pays voisins ont aussi adopté cette technologie.
Dans le TGV Lyria, en France, il faut cliquer sur le réseau, puis ouvrir le navigateur pour être relié aux 1000 antennes relayant la connexion sur le réseau grandes lignes. En Allemagne, on surfe sans problèmes sur tous les trains IinterCcity ainsi que dans un nombre croissant de trains régionaux, de bus et de gares. En Autriche, seules les liaisons longue distance Railjet et Cityjet sont reliées au réseau. Trenitalia offre, de son côté, le wifi gratuit, sans abonnement, aux trains rapides Frecciarossa.