C’est un fait: la publicité est omniprésente. En tant qu’adultes, on sait généralement distinguer les informations réelles des messages publicitaires. Ce n’est toutefois pas le cas des enfants, qui évoluent eux aussi dans un monde hyper médiatisé (concours sur internet, jeux vidéo interactifs, jouets à collectionner, etc.).
Au Québec, la Loi sur la protection du consommateur interdit toute publicité à but commercial destinée à des personnes de moins de treize ans. Rien de tel en Suisse, mais les annonces font tout de même l’objet de diverses réglementations selon les supports publicitaires (lire l’encadré).
Proies faciles
Le fait que les enfants soient confrontés quotidiennement à des messages publicitaires pose-t-il un problème? Oui, selon l’Office québécois de la protection du consommateur, pour qui les jeunes constituent un public particulièrement vulnérable. «La publicité a des effets importants sur la santé et le comportement des enfants», affirme cet office dans sa brochure Vos enfants et la pub*.
Effets sur la santé, car la publicité prône souvent une alimentation trop riche en graisses, en sucre, en sel. Effets sur le comportement aussi, car la conception du monde est tronquée par les messages véhiculés par la pub (banalisation de l’alcool, hypersexualisation de la société, stéréotypes sexistes, etc.).
Aiguiser le sens critique
Fidélisés dès leur plus jeune âge, les petits consommateurs resteront longtemps attachés à leurs marques préférées. Pour les parents, il est donc important de sensibiliser les enfants en développant, au plus tôt, leur esprit critique.
Yves-Alain Cornu
Les vecteurs publicitaires en Suisse
En Suisse, contrairement au Québec, il n’existe pas de loi spécifique interdisant la publicité destinée aux enfants. Ce domaine y est cependant réglementé de diverses manières, selon le support utilisé:
- Télévision: C’est principalement par ce média que les enfants sont en contact avec la pub. Récemment modifiée, la Loi fédérale sur la radio et la télévision interdit toute interruption publicitaire durant les programmes pour enfants. Aucun placement de produit n’est autorisé dans ces émissions. Plus généralement, aucune offre de vente ne doit s’adresser directement aux mineurs.
- Affiches: Les affiches s’adressent davantage aux jeunes adultes qu’aux enfants, mais elle n’en sont pas moins visibles. Dès lors, les affiches pouvant choquer la morale et l’ordre public sont interdites par les communes. Principale actrice de ce marché, la Société générale d’affichage (SGA) s’interdit de placarder des affiches au contenu sensible dans le périmètre des établissements scolaires.
- Journaux: Les annonceurs publicitaires sont tenus de respecter les règles de la Commission suisse pour la loyauté dans la communication commerciale*. Quant aux images à caractère violent ou pornographique, elles sont de toute manière interdites par le Code pénal.
- Ecole: En Suisse, le matériel scolaire est épargné par la publicité. Le sponsoring est cependant autorisé au cas par cas, par exemple pour l’édition d’un ouvrage ou l’organisation d’une manifestation sportive.
Alcool et tabac limités
La publicité pour le tabac et l’alcool fait l’objet d’une réglementation spécifique au niveau fédéral. Celle pour le tabac ne doit jamais s’adresser aux mineurs, que ce soit dans les journaux, dans les lieux ou lors de manifestations fréquentés par les jeunes, sur des gadgets publicitaires, etc.
Quant à l’alcool, il est interdit de réclame sur les chaînes de TV nationales. Les publicités pour les boissons distillées sont également interdites sur les bâtiments et transports à usage public, mais aussi lors de manifestations auxquelles participent surtout des ados.