C’est un mauvais souvenir pour Ursula. Cette septuagénaire souffre de thrombose. Un jour, des caillots de sang ont migré jusque dans ses poumons et ont bouché une artère, provoquant une embolie. Son médecin lui a alors prescrit des bas de compression, aussi communément appelés bas de contention.
Dans un magasin d’articles orthopédiques, elle a acheté des bas à mailles plates. Contrairement aux produits tricotés de manière circulaire, qui sont fabriqués sans couture et en spirale, les bas tricotés à plat possèdent une couture et exercent plus de pression sur la jambe.
Le magasin où Ursula s’est rendue a fait fabriquer ses bas sur mesure dans une usine, pour la somme de 726 fr. Ce prix inclut la prise de mesure des jambes. Il est basé sur la convention tarifaire établie entre les techniciens orthopédistes et l’Office fédéral des assurances sociales.
Les caisses maladie remboursent deux paires de bas de compression par an. Pour parer à toute éventualité, Ursula a encore acheté une paire de bas standards, fabriqués en série, qui n’a coûté que 96 fr.
Monsieur Prix critique
Pour le Surveillant des prix, Stefan Meierhans, l’importante différence de prix entre les bas sur mesure et les modèles fabriqués en série n’est pas justifiée. Il y a six ans déjà, il avait remarqué des prix cinq à huit fois plus élevés pour le sur-mesure, alors que les deux types de bas sont fabriqués presque de la même manière. Selon Stefan Meierhans, les entreprises utilisent des machines à tricoter commandées par ordinateur dans les deux cas.
La propriétaire du magasin d’articles orthopédiques où s’est rendue Ursula assure avoir correctement facturé la paire de bas de sa cliente selon les tarifs de l’association professionnelle Ortho Reha Suisse, qui représente les techniciens en orthopédie. Ortho Reha précise que les bas tricotés à plat doivent s’adapter à chaque individu très précisément, en raison de la pression plus importante et plus régulière exercée sur les jambes. La prise de mesures et l’ajustement s’avèrent «beaucoup plus complexes» que pour les modèles à mailles rondes.
Selon Ursula, la prise de mesures n’a toutefois duré que cinq minutes environ. Quant au rapport du Surveillant des prix, il pointait du doigt des marges de distribution élevées, comprises entre 63% et 73%. Ces marges correspondent au montant que les commerçants gagnent sur les bas vendus.
Stefan Meierhans avait demandé à l’association des techniciens en orthopédie de baisser leurs tarifs. Mais l’association a ignoré sa requête et la différence de prix «exorbitante» entre les différents types de bas de compression est toujours d’actualité.
Souvent, des bas standards suffisent
L’association explique que les tarifs appliqués ont été convenus avec l’Office fédéral des assurances sociales. Ce dernier précise qu’il est «conscient des grandes différences de prix». Il les analysera avec les partenaires dans le cadre d’une prochaine révision des tarifs.
A noter que, dans de nombreux cas, il est tout à fait possible de se contenter de bas de compression standard, sans recourir à du sur-mesure. Pour neuf patients sur dix présentant des problèmes veineux, ils suffisent, selon Stefan Küpfer, spécialiste en angiologie au centre médical de Bad Ragaz (SG). En cas de lymphe gonflée ou de rétention de graisse et d’eau dans les jambes, des bas à mailles plates sont souvent nécessaires.
Andreas Gossweiler / gc
Système veineux: Comment soulager ses jambes
- Faire régulièrement de l’exercice, comme de la marche, de la natation, du vélo ou de la gymnastique douce.
- Eviter de rester longtemps en position assise ou debout.
- Demander à votre médecin de vous prescrire des bas de contention. La caisse maladie rembourse deux paires par an à partir de la classe de contention 2 sur présentation d’une ordonnance médicale.
- Les préparations à base d’extraits de marron soulagent les troubles veineux.
- Prendre des douches alternant l’eau chaude et l’eau froide.