Les Scandinaves prêtent à la chaleur du sauna bien des vertus. Et pas seulement celle de conjurer le froid quand les températures dégringolent. Cette tradition nordique séduit de plus en plus sous nos latitudes. Pour preuve, des cabines éphémères se sont multipliées ces derniers hivers et les promesses de la vapeur sèche à la mode finlandaise n’ont jamais été aussi accessibles.
Mais comment peut-on se faire du bien en suant à grosses gouttes dans une étuve chauffée entre 80°C et 100°C? Le principe de base est simple: la chaleur du sauna favorise une vasodilatation des vaisseaux sanguins proches de la peau. En réponse, le corps accélère le rythme cardiaque et dépense plus de calories. Cette activation du métabolisme mime un peu ce qui se produit lors d’une activité physique d’intensité légère à modérée, résume Mathieu Saubade, médecin au Service de médecine du sport au CHUV et à Unisanté.
Pour qui apprécie la morsure de la chaleur, l’effet relaxant est indéniable. L’exposition à des températures élévées stimule la production d’endorphines responsables d’une sensation de bien-être temporaire. Ce choc thermique favorise également la production de certaines protéines à même de renforcer la capacité de résistance des cellules.
Au-delà du plaisir immédiat du délassement, ce rituel semble bénéfique pour la santé à long terme. Dans une revue des données scientifiques les plus récentes, des chercheurs des Universités d’Eastern Finland et de Cambridge ont récemment listé toute une série de problèmes atténués chez les adeptes du sauna.
Bon pour le cœur et la tête
Un effet préventif en matière de santé cardiovasculaire fait partie des résultats les plus solides. Les férus de sauna présentent un risque d’infarctus du myocarde moins élevé et une meilleure tension artérielle, confirme Mathieu Saubade (lire «Précautions et contre-indications»). Des études concluent également à une réduction importante du risque de maladies neurodégénératives (Alzheimer, démence).
Quant au système immunitaire, il peut sortir renforcé de ces séances de sudation. Même si, dans ce domaine, les études manquent pour l’heure de solidité.
D’autres données pointent une amélioration des troubles musculo-squelettiques. Interrogée, la Ligue suisse contre le rhumatisme renonce toutefois à se prononcer de manière catégorique en faveur du sauna pour tous ceux qui souffrent de douleurs articulaires: «Les études ne sont pas assez concluantes», estime l’association. Elle recommande aux personnes atteintes de rhumatismes d'évaluer individuellement si la chaleur, ou le froid, sont bénéfiques pour elles et d'en discuter avec un médecin.
La Finlande n’est pas la Suisse
Si les travaux de recherche menés ces dernières années pointent de nombreux bienfaits du sauna sur la santé, il faut se méfier des généralités. «Cette pratique a globalement des effets positifs, admet Mathieu Saubade, mais les éléments scientifiques manquent pour déterminer quelle est la bonne dose, pour qui et à quelles conditions.»
Parmi les données les plus solides, beaucoup proviennent de Finlande. Un pays plus froid et moins ensoleillé que le nôtre, ce qui pourrait influer sur le bénéfice de cette pratique. Sans compter qu’on y dénombre plus d’un sauna pour deux habitants. Suer sous l’effet de la vapeur sèche constitue, là-bas, une tradition autant qu’une habitude à laquelle les gens s’adonnent avec une grande régularité durant toute leur vie.
Une certaine constance est sans doute nécessaire pour faire du sauna un allié sérieux en matière de prévention. «Comme pour la pratique d’une activité sportive, la répétition sur le long terme permet d’obtenir des effets sur la durée, notamment en matière de santé cardiovasculaire, remarque le Dr Saubade. En pratiquant de temps en temps seulement, on obtiendra plutôt un effet «bien être». Ce qui est déjà pas mal!»
Geneviève Comby
Choc thermique: Faut-il s’infliger un bain glacé?
La tradition nordique veut que l’on passe du chaud au froid. De quoi rafraîchir ses ardeurs quand on n’imagine pas se rouler dans la neige ou se baigner en eau glacée entre deux séances de sauna à plus de 80°C. Inutile de s’infliger ce supplice. La chaleur suffit à produire un effet vasodilatateur potentiellement bénéfique.
Pour ceux qui n’ont froid ni aux yeux ni ailleurs: alterner entre un sauna et un bain glacé représente un stress pour l’organisme, mais un stress a priori inoffensif qui stimule l’adaptabilité et la régénération du corps, selon le médecin Mathieu Saubade. Le spécialiste relève que les études sur les bienfaits pour le corps d’une alternance de températures sont rares, mais semblent montrer que les petits chocs thermiques induits par le passage du chaud au froid apportent une plus-value à l’expérience du sauna.
Précautions et contre-indications
- Il est indispensable de boire suffisamment avant et après une séance de sauna, afin d’éviter une déshydratation qui peut générer des maux de tête, voire un malaise.
- Eviter l’alcool. Il exacerbe le risque de déshydratation.
- Le sauna est contre-indiqué pour les personnes souffrant de problèmes cardiaques ou d’hypertension, surtout si ceux-ci sont récents ou non stabilisés. Il est à éviter également lorsqu’on a souffert d’un AVC, ainsi qu’en cas de maladie infectieuse (avec de la fièvre, par exemple) ou en cas de problème dermatologique caractérisé par des plaies non cicatrisées.
- Le sauna est plutôt déconseillé pour les enfants et les femmes enceintes. On peut éventuellement se contenter d’une séance très brève et à température modérée.
A moins d’être en parfaite santé, il est recommandé d’en parler avec son médecin avant de se lancer. Un sauna peut être bénéfique – ou pas – selon les cas.
Les bonnes pratiques du sauna
Nu ou pas?
La coutume nordique veut que l’on entre nu dans un sauna, pour des raisons d’efficacité et d’hygiène. Le port d’un maillot de bain gêne l’évaporation de la sueur et peut favoriser la prolifération des microbes. En Suisse romande, celui-ci est généralement toléré, sauf s’il s’agit de bermudas ou de shorts. Une fois hors du sauna, on s’entoure d’un linge. Quant aux sandales ou tongs, elles restent à l’extérieur.
Un linge ou deux?
Les saunas recommandent en général que leurs clients emportent deux linges: un pour le sauna et un pour la détente. Pour le sauna, optez de préférence pour un linge éponge, plus adapté à la chaleur sèche qu’une version en microfibres. Ce linge servira à absorber la transpiration et à protéger de la chaleur du banc sur lequel on s’assied. Il doit être le seul en contact avec la peau, pour préserver le bois des germes. Le second linge sera utilisé pour se déplacer en dehors du sauna.
Douche ou pas?
Aux Bains des Pâquis, à Genève, la douche est obligatoire avant d’entrer au sauna. Du côté de Frisauna, au bord du lac de Gruyère, on rappelle qu’il faut avoir la peau propre mais aussi sèche, pour éviter une montée excessive de la température corporelle.
5 ou 15 minutes?
Une séance de sauna ne devrait pas durer plus de 15 minutes. On peut commencer par une première séance de 8 à 10 minutes. Il faut surtout rester à l’écoute de son corps et de ses sensations. A noter que, plus on s’assied en hauteur, plus on ressent la chaleur.
Garder ses lunettes ou pas?
Bagues, bijoux, accessoires: mieux vaut éviter de porter du métal qui peut chauffer et brûler. Et laisser ses lunettes au vestiaire, car une exposition prolongée à la chaleur peut déformer la monture, voir dégrader les verres. Vous pouvez porter des lentilles sans crainte. Retirez-les si vous sentez une gêne.
Le hammam, quelle différence?
Si le sauna se caractérise par une chaleur sèche, le hammam diffuse une chaleur humide. Dans cette vapeur d’eau chaude, la température oscille entre 40°C et 55°C. Le but est de faciliter la transpiration pour favoriser un nettoyage de la peau, notamment à l’aide de savon noir et d’un gommage au gant. Et de s’octroyer un moment de détente.