Beaucoup de gens réagissent à la météo. «Le foehn me donne mal à la tête», constate Barbara. Ana, elle, se sent mal lorsque souffle la bise. Et quand il fait froid, ses tempes se mettent à picoter. Selon un sondage réalisé en Allemagne, la moitié de la population s’estime sensible au temps qu’il fait.
La goutte, ce cas à part
Il n’existe guère de preuves scientifiques permettant de lier directement la météo ambiante à notre état de santé (lire encadré). Ce n’est que dans le cas de la goutte que les chercheurs australiens ont pu mettre en évidence un lien clair. Les poussées de cette maladie augmentent à partir d’une température supérieure à 21°C pour autant que l’humidité de l’air soit, à ce moment-là, inférieure à 60%. Les données montrent que les patients souffrant de cette maladie inflammatoire ont moins souvent les articulations enflées en automne et en hiver, lorsqu’il fait froid.
Sensibilité difficile à mesurer
Thomas Walser, médecin généraliste, admet qu’il est «difficile de mesurer avec précision la sensibilité au temps, car chacun perçoit les choses de manière très différente».
Une des raisons pouvant expliquer l’apparition de douleurs rhumatismales par temps froid et humide est à chercher, selon lui, du côté des muscles et de leur tendance à devenir plus rigides lorsque les températures chutent.
Hans Richner, professeur émérite de physique atmosphérique à l’EPFZ, est du même avis. Pour lui, il ne fait aucun doute que la température, l’humidité, le rayonnement solaire ou le vent ont une influence sur nous – notamment sur la circulation sanguine, même si le prouver reste difficile.
Un facteur parmi d’autres
Une recherche récente, menée par l’Université américaine du Mississippi sur la migraine est arrivée à la conclusion que les conditions météorologiques à elles seules ne jouent probablement qu’un rôle mineur dans l’apparition de ce type de douleurs. En revanche, combiné à d’autres facteurs, le temps qu’il fait pourrait constituer un élément déclencheur, si on en croit les conclusions des chercheurs, publiées dans la revue spécialisée Current Pain and Headache.
Pour Hans Richner, «chaque personne réagit différemment aux influences environnementales. Et la météo n’en constitue qu’une infime partie». Beaucoup d’autres choses agissent sur notre bien-être, comme la nourriture, le sommeil ou les interactions sociales.
Sarah Schaub / gc
Des liens difficiles à établir scientifiquement
La météo peut-elle influencer les maladies rhumatismales telles que l’arthrite, l’arthrose du genou, de la hanche et de la main, ou exacerber des douleurs au niveau du genou et du dos? Des chercheurs de l’Université de Sydney, en Australie, ont voulu en avoir le cœur net.
Dans un récent travail de synthèse, les scientifiques ont comparé des données de plus de 15 000 personnes, tirées de onze études différentes. Leurs résultats, publiés dans une revue spécialisée (Seminars in Arthritis and Rheumatism), n’ont pas vraiment pu établir de lien entre ces différents types de douleurs et les conditions météorologiques (humidité, pression atmosphérique, température et précipitations).
Parmi les travaux analysés, seules quelques études de petite envergure vont dans ce sens. L’une d’entre elles a, par exemple, montré que les patients souffrant d’arthrose du genou ressentaient plus de douleurs par temps froid et humide que par temps chaud et sec. Mais ces résultats ne peuvent pas être considérés comme probants sur un plan scientifique.