Non, le service public n’est pas malade. En Suisse, il se porte assez bien, mais montre des signes d’essoufflement. Dès lors, une question se pose: faut-il prévenir la maladie ou soigner le malade? Faut-il agir en amont et à moindres frais ou improviser lorsqu’il sera trop tard et que les dégâts seront irréversibles?
Notre réponse, c’est l’action préventive. Notre remède, c’est l’initiative populaire dite «Pro Service Public». Lancée avec nos partenaires alémaniques (K-Tipp et saldo) et tessinois (Spendere Meglio) en 2012, elle a récolté, en quelques mois, plus de 125 000 signatures. Le peuple se prononcera le 5 juin prochain.
Accessible et abordable
Ce texte touche directement les consommateurs (vous, nous…), qui payons toujours plus cher des services toujours plus restreints, quand bien même ils sont officiellement reconnus «publics». Ils devraient pourtant – comme l’écrit la Confédération elle-même – «être accessibles à toutes les catégories de la population et offerts dans toutes les régions du pays à des prix abordables».
Or, cette même Confédération pousse les prestataires de ces services à agir comme des entreprises privées, et donc à augmenter leurs tarifs, tout en diminuant leurs prestations, pour réaliser des bénéfices dont une partie sera reversée à leur propriétaire, soit… la Confédération!
Face à cette lente dérive, l’initiative dite «Pro Service Public» vise à rétablir la situation en ajoutant un point b à l’article 43 de la Constitution fédérale consacré à l’accomplissement des tâches étatiques (détails et argumentaire sur proservicepublic.ch).
Front d’opposition
En cela, nous sommes les garants d’un véritable service au public. Mais – et c’est un paradoxe – nous faisons face à un large front d’opposition. De la gauche à la droite de l’échiquier politique, en passant par les dirigeants des syndicats, les conflits d’intérêt sont tels que la défense du service public passe au second plan. Or, la base – celle des employés et des utilisateurs – ne se reconnaît pas dans ces prises de position avant tout politiciennes.
C’est donc sur votre soutien que nous comptons pour prévenir la maladie et éviter que la gangrène ne ronge, petit à petit, le service public qui fait la fierté de la Suisse. S’il fallait une preuve supplémentaire du malaise qui s’installe, les dirigeants des CFF et de La Poste l’ont fournie dans une missive qu’ils ont récemment envoyée à l’ensemble de leurs collaborateurs en les enjoignant à voter contre l’initiative (lire ci-contre). Cette lourde pression sur les employés – citoyens libres de leur conviction – enfreint clairement les règles de la démocratie…
Zeynep Ersan Berdoz