On ne le répètera jamais assez: pour comparer les primes maladie en toute transparence, il faut utiliser le calculateur officiel de la Confédération, priminfo. Car contrairement aux comparateurs commerciaux, il ne filtre pas ses résultats en fonction des commissions payées par les caisses maladies.
Cette information, connue depuis des années, a pourtant du mal à être relayée auprès du grand public. Il faut dire que les sites comme Comparis, Moneyland et Bonus, font tout pour entretenir le doute. Petit exemple: si l’on recherche «Priminfo» sur Google, le premier résultat est, au choix, une annonce de Bonus ou de Comparis. En cliquant, par curiosité, sur le lien de Bonus, on arrive sur une page qui prétend que «le comparatif de bonus.ch est bien plus complet que celui proposé par l’OFSP sous le nom de priminfo» (voir capture d’écran)!
L’OFSP intervient, sans grand résultat
Ce que ces publicités ne disent pas, en revanche, c'est que certaines de leurs pratiques contreviennent à la Loi sur la surveillance de l’assurance-maladie (LSAMal).
Fin octobre, les caisses ont d’ailleurs reçu un avertissement de l’Office fédérale de la santé publique (OFSP). Car il a constaté que, «selon l’âge de l’assuré, la forme d’assurance souhaitée ou la franchise choisie, le requérant n’a pas la possibilité de faire établir une offre par l’intermédiaire du site commercial de comparaison. Ceci contrevient à l’art 61 al 1 OSAMal». Les assureurs risquent une amende de 100'000 fr. au plus s’ils ne se conforment pas à la loi.
Demande d’offre impossible avec une franchise basse
Mais au jour d’aujourd’hui, les problèmes évoqués par l’OFSP ne sont toujours pas réglés, comme le démontre l'exemple suivant.
Pour un adulte vaudois, la prime la plus basse avec une franchise de 1000 fr. et avec le modèle standard est de 381.10 fr. par mois (Assura) pour l’année 2017. Dans ce cas, Comparis permet de demander l’offre en cliquant sur le rectangle vert foncé (Voir image ci-dessous).
Avec une franchise de 300 fr., la prime la plus intéressante est de 419 fr./mois (également chez Assura). Mais dans ce cas, le rectangle est devenu vert clair et il est désormais impossible d’accéder à l’offre (voir image ci-dessous). L’astuce est la même sur des sites comme Moneyland et Bonus.
Les comparateurs commerciaux coûtent aux assurances, et donc aux assurés
L’explication est simple: les caisses n’ont aucun intérêt a prendre des assurés avec une franchise basse. Il s’agit souvent de personnes malades ou âgées qui coûtent plus cher que la moyenne des assurés.
En d’autres termes, les portails de comparaisons sélectionnent les meilleurs clients pour les assureurs qui le demandent. Mais ce service a un prix. L’année dernière, Comparis a ainsi empoché 10.2 millions de francs de cette manière. Felix Schneuwly, porte-parole de la plateforme, a confirmé que son portail empêche certains utilisateurs, selon leur âge, la franchise sélectionnée ou le canton, d’accéder aux demandes d’offre directes. Les sites Moneyland et Bonus appliquent les mêmes méthodes.
Sven Zaugg/bu
Sur Comparis, l'offre est cliquable quand la franchise est à 1000 fr., mais pas quand elle est à 300 fr. Le comparateur en ligne filtre ainsi, selon les désirs de l'assurance maladie (ici Assura), les mauvais risques.