Les poux: un stress de plus à gérer à la rentrée des classes pour nombre de familles. Cette période de l’année voit se multiplier les infestations du cuir chevelu. Certains enfants se retrouvent alors stigmatisés et mis à l’écart même si, il faut le dire et le redire, le manque d’hygiène n’a rien à voir avec la présence de poux.
Bien que ces parasites soient inoffensifs, on comprend que les parents mettent les bouchées doubles pour les éloigner… quitte à y laisser une petite fortune. Une lectrice vaudoise rapporte avoir dépensé, en six mois, «environ 270 fr. en produits anti-poux qui se sont révélés inefficaces». Rappelons qu’aucun article ou traitement n’est remboursé par l’assurance maladie de base.
Y a-t-il un moyen d’éviter les poux – ou de s’en débarrasser à moindres frais? Oui, répondent les spécialistes. A condition d’agir de façon répétée et avec minutie.
1. Prévention: Attacher les cheveux, éviter les échanges
Le mieux reste d’attacher les cheveux de son enfant et de lui dire de ne pas échanger certains accessoires avec d’autres élèves, souligne Christel Kormann, infirmière scolaire pour le Service Prévention et Promotion Santé de l’école obligatoire région Neuchâtel.
Par accessoires, on entend: les casquettes, bonnets, chouchous pour les cheveux, brosses, casques de vélo, linges et habits.
Les répulsifs – à usage préventif – sous forme de shampoings ou sprays ne sont pas recommandés. Une brochure distribuée dans le canton de Vaud indique qu’ils sont inutiles et que les poux peuvent développer des résistances. Mieux vaut garder son argent pour le traitement d’une infestation ou la recherche de ces parasites (lire encadré).
2. Eradication: répéter le traitement
En cas de poux trouvés dans la chevelure, on peut les éliminer au moyen d’un traitement vendu en pharmacie entre 15 fr. et 50 fr. les 100 ml à 350 ml. Les spécialistes conseillent d’utiliser des produits à base de diméticone. Pour Cristina Fiorini-Bernasconi, médecin référente de l’Unité de promotion de la santé et de prévention en milieu scolaire (PSPS) de l’Etat de Vaud, il faut rechercher les poux vivants une fois par semaine, en ayant préalablement passé une couche de démêlant. Et appliquer ensuite un shampoing 100% à base de ce silicone, qui les étouffe.
Une ultime recherche de poux doit avoir lieu une semaine après leur disparition totale chez l’hôte, pour combiner les gestes gagnants. «Cette association est la technique la plus simple et la moins chère», note Cristina Fiorini-Bernasconi. Pourtant, elle ne s’avère pas toujours efficace à 100%. Si certains traitements n’éliminent pas l’entier des poux vivants et adultes, la faute revient le plus souvent à un manque de rigueur dans leur application ou au fait que le peigne a été délaissé, souligne Sonia Troyon, fondatrice de la clinique anti-poux Lice Clinics of Switzerland, à Renens et Genève. «Comme le cycle du pou est d’environ une semaine, il faut répéter le traitement une deuxième fois, sept jours après le premier, et continuer la recherche des poux», encourage Cristina Fiorini-Bernasconi.
3. L’outil: le peigne à poux
Peigner de façon minutieuse et régulière au démêlant, avec un bon peigne à poux aux dents très serrées, est crucial et représente 60% à 70% du succès, insiste-t-elle. Pour éviter les échecs, il ne faut pas économiser sur les doses de produit anti-poux ou le nombre d’utilisations. Et être d’autant plus rigoureux que l’on a des cheveux longs ou épais. Enfin, il importe de prendre des mesures si l’on retrouve des poux vivants après les avoir éradiqués: une réinfestation signale un foyer parmi les proches et requiert de contrôler toute la famille.
Technique plus chère mais infaillible
La clinique de Sonia Troyon propose un traitement efficace à 100%: la déshydratation. Un appareil diffuse de l’air chaud sur la tête et assèche poux et lentes, qui meurent. Il faut y mettre le prix: une séance de deux heures, diagnostic, peignage pour retirer les lentes mortes et garantie de 12 jours compris, coûte 149 fr. Le traitement d’une infestation sévère, avec jusqu’à plusieurs milliers de poux et lentes sur la tête, se monte à 238 fr. pour deux séances à quinze jours d’écart. La clinique propose conseils et diagnostic pour 10 fr. à 16 fr.
Gilles D’Andrès
Comment déceler les poux?
Les poux se transmettent par contact direct de tête à tête. Ils ne sautent pas, ne volent pas et ne nagent pas. Il n’y a donc aucun risque de contagion en inspectant le cuir chevelu de son enfant ou des membres de la famille. Voici comment procéder:
- Enduire généreusement les cheveux de démêlant/après-shampoing, sans les mouiller
- Démêler les cheveux avec un peigne ordinaire
- Passer soigneusement un peigne fin anti-poux mèche par mèche, sans oublier la nuque et l’arrière des oreilles, de la racine des cheveux à la pointe. Mieux vaut choisir un peigne aux dents très serrées, tel que l’Assy 2000 (15,80 fr. en ligne, sur apo24.ch)
- Entre chaque passage, essuyer le peigne fin sur un linge blanc ou du papier ménage pour y déposer les poux et les lentes éventuels
- Rincer les cheveux
- Si on ne trouve rien, répéter l’opération une semaine plus tard. Si on ne trouve que des lentes, recontrôler à deux reprises durant les deux semaines suivantes, en retirant bien les lentes à chaque fois. Si on trouve des poux vivants, avertir l’école immédiatement et passer au crible toute la famille le jour-même
- Si on découvre des poux vivants, c’est le signe d’une infestation en cours. Inutile de paniquer, il faut entreprendre un traitement. Ne pas hésiter à demander conseil à l’infirmier ou infirmière scolaire
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Appliquer de la mayonnaise ou du vinaigre blanc dans les cheveux, faire le ménage à fond, mettre ses habits et ses draps au congélateur, etc. Autant de conseils malavisés, martèlent les spécialistes. «Les remèdes populaires n’ont pas démontré leur efficacité et peuvent s’avérer dangereux pour les enfants», avertit Cristina Fiorini-Bernasconi, médecin référente du PSPS de l’Etat de Vaud.
Loin du cuir chevelu, le pou ne peut plus se nourrir et meurt, en moins de 48 heures pour les plus gorgés de sang. Inutile, donc, de faire intervenir le chaud ou le froid, ou d’astiquer à fond. Seul conseil avalisé par l’infirmière scolaire neuchâteloise Christel Kormann: enfermer dans un sac plastique pendant 48 heures les taies d’oreiller, draps, bonnets, doudous, barrettes et autres brosses à cheveux. Les poux n’en réchapperont pas.
Quant à Sonia Troyon, elle recommande de recouvrir les canapés et sièges autos pendant 48 heures. On évitera ainsi une possible réinfestation du cuir chevelu par ce biais.