Il y a ceux qui peinent à trouver le sommeil. Et ceux qui sombrent directement, mais se réveillent au milieu de la nuit. Aux angoisses s’ajoute alors vite l’épuisement. Des situations dans lesquelles il n’est plus rare de se voir prescrire des gouttes de cannabidiol. Mieux connu sous son acronyme, le CBD aurait en effet des vertus apaisantes et anxiolytiques. Et il n’est pas le seul.
De nombreux remèdes à base de plante sont désormais utilisés en cas de dépression saisonnière, anxiété ou troubles du sommeil (voir tableau). Ils ne remplacent en général pas les médicaments classiques, mais peuvent venir s’y ajouter.
Surmonter les coups de blues
La gentiane, le safran et le millepertuis auraient ainsi des vertus en cas de troubles dépressifs légers à moyens. Plus concrètement, la gentiane aiderait les personnes souffrant de dépression à retrouver un semblant de motivation. Le safran réduirait les peurs et améliorerait l’humeur. Quant au millepertuis, il soulagerait directement les dépressions légères et réduirait les insomnies.
A l’heure actuelle, les préparations de millepertuis restent les plus connues. On citera notamment le Rebalance® et le Jarsin®, réputés particulièrement efficaces. «Les patients les tolèrent bien et ne ressentent pratiquement aucun effet secondaire», note Peter Mai. Médecin-psychiatre, ce dernier fait partie de ceux qui proposent volontiers de combiner médicaments classiques et phytothérapeutiques. «L’avantage, c’est que cela permet de réduire les doses du traitement de base.» Gare toutefois aux interactions. Le millepertuis peut en effet réduire l’efficacité des anticoagulants et des pilules contraceptives.
Gérer les angoisses
Les personnes angoissées se tourneront pour leur part vers la lavande, le gingembre ou la rhodiole. Moins efficace que les autres, le gingembre réduirait quand même certains symptômes de l’anxiété, en particulier la nausée. La rhodiole, également appelée orpin rose, est une plante d’altitude qui augmenterait la résistance de l’organisme face au stress. Quant aux effets apaisants de la lavande, ils n’ont plus besoin d’être présentés. Preuve en est, les assurances maladie prennent désormais en charge certains médicaments phytothérapeutiques comme le Laitea®.
Composé d’huile de lavande, ce-dernier est utilisé en cas d’anxiété ou d’agitation. «Il n’agit qu’après deux à trois semaines», précise Peter Mai. Comme la plupart des remèdes phytothérapeutiques. Mais ça vaut la peine d’être patient, étant doné que la lavande ne crée pas de dépendance et s’avère souvent mieux tolérée que les médicaments classiques. Pour ne pas devoir attendre, il est aussi possible de combiner la prise de Laitea® avec un médicament classique, dont la dose serait alors progressivement réduite.
A l’inverse, les personnes qui ne seraient que rarement et légèrement nerveuses peuvent se contenter d’un bain. Expert en plantes médicinales, Martin Koradi conseille de mélanger 8 à 10 gouttes d’huile de lavande avec du lait entier, puis d’ajouter le tout à l’eau du bain.
Vaincre les insomnies et consulter
C’est en cas de troubles du sommeil que le choix est le plus vaste. De nombreuses plantes aideraient en effet à mieux dormir. Il y a d’abord celles qui se prennent sous forme de thé: mélisse, houblon et fleur de la passion. Vient ensuite le cannabidiol (CBD), administré sous forme de gouttes. Puis la valériane, qui est essentiellement employée sous forme de gélules. Et enfin, l’actée à grappes noires, qui se présente, elle aussi, sous forme de comprimés. A noter que cette dernière ne devrait être prise qu’en cas de symptômes liés à la ménopause.
Quels que soient le trouble et le remède, la règle de base reste la même: ne pas expérimenter seul trop longtemps. «Il faut consulter si les symptômes ne s’améliorent pas au bout d’un mois», confirme Peter Mai. Ou même avant en cas de doute. Car se traiter soi-même, c’est prendre le risque que la situation ne fasse qu’empirer. Sans oublier que les médicaments seuls ne sont jamais une solution à long terme. «Il est préférable de chercher les causes de son mal-être, puis de réfléchir à la façon dont on peut le résoudre», conclut le spécialiste.
Katharina Baumann/sh
Réaction des fabricants
Nous avons interpellé plusieurs laboratoires pharmaceutiques. Réponse principale: l’efficacité de leurs produits n’est plus à prouver. Sinon, «ils auraient été oubliés depuis longtemps», selon la société Ceres, grande productrice de teintures mères – solutions faites à partir d’un mélange de plantes fraîches et d’alcool.
Producteur d’Arkocaps®, Arkopharma écrit simplement que ses médicaments et compléments alimentaires naturels ont tous été testés et approuvés. Même réponse de Sidroga® en ce qui concerne les comprimés Valverde® Sommeil, ainsi que de Vifor au sujet des dragées Jarsin® et Sedonium®.
En ce qui concerne les comprimés Rebalance®, Relaxane® et Cimifemine®, la société Zeller a d’abord tenu à souligner leur très bonne tolérance. Elle a ensuite précisé qu’il suffisait de les prendre au moment des repas pour éviter les éventuels troubles intestinaux. Pour ce qui est des possibles interactions du millepertuis – composé principal du Rebalance® –, elle estime qu’il n’y en a que si les doses sont trop élevées. Quant au Cimifemine®, elle précise qu’il a nettement moins d’effets secondaires que les hormones artificielles.