Aujourd’hui, on peut presque tout faire depuis son ordinateur, y compris, en Suisse, fonder sa propre entreprise. Le portail gratuit startbiz.ch, proposé par le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), permet à l’internaute de déterminer les démarches administratives obligatoires selon la forme juridique de la future entreprise, et d’entamer les procédures directement en ligne. «C’est un outil sûr, rapide et pratique, assure Markus Pfister, du Seco. L’utilisateur sait à chaque moment ce qu’il reste à faire et ce qu’il a déjà accompli. Une étude réalisée par la Haute Ecole zurichoise de Winterthur (ZHW) a montré qu’effectuer les démarches administratives sur le site nécessite la moitié moins de temps que par la voie traditionnelle.» Voilà un avantage qu’aurait apprécié Benjamin Franklin, dont la devise était «Le temps, c’est de l’argent».
14% de créations online
Côté fréquentation, le site s’en tire plutôt bien, même si les chiffres montrent qu’il n’est pas encore devenu incontournable. Depuis sa création et celle du portail PME de la Confédération (www.pme.admin.ch), en 2004 déjà – avec un gros lifting en 2011 –, 31 670 internautes l’ont utilisé à un degré ou à un autre. L’an passé, ils étaient plus de 4400 à ouvrir un compte, ce qui a abouti à la création de 1680 entreprises, soit 14% du chiffre total pour la Suisse.
Muriel Frei (voir photo) fait partie des personnes qui ont fait le pas en utilisant le guichet du Seco. C’était en 2007. «Je travaillais dans l’informatique jusqu’au jour où mon poste a été supprimé. Je me suis retrouvée au chômage. J’avais une école de plongée et j’ai décidé de me lancer en fondant un magasin d’équipement.»
La Genevoise suit d’abord des cours de gestion d’entreprise proposés par le chômage. Elle met, petit à petit, son projet en place, trouve un endroit adéquat, réunit l’argent auprès de ses amis (après le «niet» des banques) et utilise le guichet virtuel du Seco, qu’elle avait découvert en parcourant la toile. «Je n'ai quasiment passé que par startbiz pour tous les aspects administratifs. J’étais ainsi sûre de ne rien oublier. Et le site est simple et convivial.» C’est ainsi que Dive Attitude (www.dive-attitude.com) est né à Carouge (GE). Six ans plus tard, Muriel Frei ne regrette rien, même si cela n’a pas toujours été facile, en raison, notamment, de la charge de travail.
Bien mais perfectible
Utile, startbiz n’est pas pour autant un outil miracle. D’une part, parce que certaines faiblesses subsistent. «Il n’est, pour l’instant, pas possible d’effectuer toutes les démarches de manière purement électronique, comme l’inscription au Registre du commerce, explique Markus Pfister. Simplement parce que certains bureaux n’offrent pas encore leurs services par internet. Startbiz génère donc un formulaire qui doit être imprimé et envoyé par poste ou présenté au guichet. Mais un enregistrement électronique direct figure parmi nos prochains objectifs.»
D’autre part, il est évidemment essentiel d’avoir aussi un projet solide, qui tienne la route et d’être bien préparé (lire encadré).
«Startbiz permet à l’entrepreneur d’avoir une vue d’ensemble des démarches à effectuer sans rien oublier, mais le contact humain reste essentiel, estime Daniel Loeffler, directeur de la Promotion économique genevoise. Il est important que le créateur d’entreprise puisse s’entretenir avec des spécialistes – avocat, fiduciaire, etc. –, qui le conseilleront et l’aiguilleront.» Un service que startbiz n’offre pas.
Sébastien Sautebin
Cinq points clés pour se lancer
Anthony Montes, directeur adjoint du département de promotion de la Fédération des entreprises romandes Genève (FER Genève) énumère cinq points importants à considérer lorsqu’on souhaite créer sa PME.
- Déterminer avec précision son projet et ses objectifs. Ne pas oublier qu’être créateur d’entreprise, c’est être «multifonctionnel» et qu’il faut des compétences dans différents domaines: commercial, administratif, etc.
- Compléter sa formation, au besoin, avant de se lancer, et savoir continuer à se former par la suite.
- Réaliser une étude de marché: cerner les besoins et les attentes dans le domaine auprès de clients potentiels, en interrogeant ses proches, etc.
- Avoir un business plan, indispensable si l’on va voir un professionnel du financement.
- Se préparer à concilier vie de famille et vie professionnelle.