En prenant de l’âge, il arrive que les testicules ne remplissent plus aussi bien leur rôle et produisent moins de testostérone. Le déclin de cette hormone dans le sang est de 1% en moyenne par an et débute autour de la trentaine.
Une évolution qui n’empêche pas de rester fertile. Toutefois, certains hommes plus durement touchés ou qui produisaient déjà relativement peu de testostérone au départ, souffrent de carences, accompagnées de symptômes qui bouleversent leur quotidien.
Fatigue, manque de motivation, troubles dépressifs, perte de force musculaire, réduction de la pilosité, baisse de la libido: les effets d’un manque en hormone dite «masculine» peuvent apparaître tant sur le plan physique que psychique (voir l'infographie). Chez la plupart des hommes concernés, ces signaux surgissent entre 55 et 65 ans. On parle d’andropause quand certains symptômes s’installent sur la durée – à condition qu’ils soient effectivement liés à une baisse de la testostérone.
Il n’est pas toujours facile d’en être sûr: de nombreuses autres causes potentielles à ces différents troubles existent, souligne Roman Trepp, endocrinologue à l’Hôpital de l’Ile à Berne. Parfois, les médecins creusent d’abord du côté de la dépression, voire d’autres affections graves comme les cancers. En définitive, seul un bilan sanguin permettra d’indiquer avec certitude s’il y a ou non carence en testostérone.
La consultation, puis l’examen
Conseils pour les patients: quand certains symptômes altèrent la qualité de vie, il faut consulter. Dans le cas où plusieurs se combinent, par exemple des troubles du sommeil et des sueurs nocturnes, ou une fatigue chronique et une baisse du désir sexuel, on soupçonnera plus facilement l’andropause, note Dorothea Wunder, spécialiste des troubles des hormones reproductives à l’hôpital fribourgeois (HFR).
Pas question pour autant d’agir seul, en prenant des androgènes «à l’aveugle», insiste-t-elle (lire nos Conseils). Si la police d’assurance maladie l’autorise, on peut rendre directement visite à un endocrinologue, un andrologue ou un urologue avec des connaissances en sexologie.
Une consultation détaillée permet d’avoir une vision globale des symptômes, et d’enchaîner sur des tests sanguins mesurant le taux de testostérone le matin, à jeun. Qu’il soit positif ou négatif, un bilan motivé par le praticien est normalement remboursé par l’assurance de base.
Une substitution sûre et efficace
En cas de carence avérée, on pourra envisager un traitement de substitution en testostérone. Le principe: des injections, parfois des comprimés, des gels ou des patchs, vont booster la testostérone du patient. La thérapie peut durer des mois ou des années, avec une surveillance régulière des effets secondaires potentiels. Des améliorations se font en général ressentir très vite, dès les premières semaines du traitement.
Quant à la posologie, elle est ajustée en fonction du patient et fait l’objet de contrôles ponctuels pour déterminer la quantité optimale. Bien indiquée et bien dosée, la substitution est sûre. Mal indiquée ou mal dosée, elle peut s’avérer dangereuse pour la santé. Il existe aussi des contre-indications: cancer du sein (les hommes n’échappent pas aux cancers des glandes mammaires) ou de la prostate, apnée du sommeil ou désir de paternité (la substitution peut freiner la production de spermatozoïdes) ne font pas bon ménage avec un tel traitement.
Pas toujours lié à l’andropause
Les causes les plus fréquentes de consultation pour les hommes concernés par l’andropause sont la fatigue chronique et la baisse de la libido, celle-ci pouvant entraîner des troubles de l’érection. Mais le vieillissement n’est pas toujours responsable d’une diminution de la testostérone: parfois, rien ne semble l’expliquer. Chez certains hommes, la baisse est due à des problèmes de santé comme le diabète ou les maladies cardio-vasculaires. La prise d’anticonvulsivants ou de finastéride (contre la perte de cheveux) peut également accélérer le processus.
Gilles D’Andrès
Face aux carences
Rien ne permet d’éviter à coup sûr un déclin marqué de la testostérone dans le sang. On peut néanmoins réduire les chances d’être affecté.
Les bons gestes
Suffisamment de mouvement au quotidien, une activité physique régulière, une alimentation équilibrée, un abandon du tabac et une consommation d’alcool modérée sont importants pour maintenir la production naturelle de testostérone.
En cas de tensions liées à l’andropause, des techniques de gestion du stress comme le yoga ou la méditation peuvent aider. Un soutien psychologique professionnel s’avère également utile en cas d’humeur dépressive ou d’angoisses.
Parler avec son médecin d’un éventuel traitement de substitution. Il existe des préparations phytosanitaires qui permettent d’atténuer certains symptômes: extraits de sauge (contre les accès de transpiration et sueurs nocturnes), gattilier ou alchémille. Attention toutefois à ne pas surdoser les quantités.
A éviter
Le surpoids et un mode de vie globalement malsain constituent des facteurs de risques, dont l’impact augmente avec l’âge.
Bannir à tout prix l’automédication, par exemple avec des préparations obtenues sur Internet. Certains stimulants hormonaux peuvent avoir de graves effets secondaires, notamment sur le système cardio-vasculaire. Quant aux alternatives à base de plantes censées encourager la production de testostérone, elles n’ont pas encore été assez étudiées: leur efficacité et sécurité demeurent incertaines.
L’andropause en 4 questions
«Depuis quelque temps, mon corps a du mal à récupérer des insomnies, des soirées arrosées ou des repas de fête. Ça y est, je suis atteint d’andropause.»
Faux. Il ne s’agit pas de signes d’andropause. Ce sont plutôt des indices classiques de vieillissement. Focalisez-vous plutôt sur les symptômes connus.
«L’andropause a des effets similaires à la ménopause chez les femmes.»
Vrai. Les symptômes varient au cas par cas, mais les hommes peuvent expérimenter, eux aussi, des baisses de libido, bouffées de chaleur ou sueurs nocturnes. Ou prendre du poids. Au niveau psychique, des difficultés peuvent aussi survenir.
«Tous les hommes sont tôt ou tard concernés par l’andropause. Il n’y a pas grand-chose à faire, à part gérer au mieux de son côté et attendre que ça passe.»
Faux. Seule une partie des hommes sont touchés. Si une baisse de testostérone liée à l’âge est légère et n’entraîne pas de symptômes, on ne parle pas d’andropause. Si des symptômes physiques ou psychiques altèrent la qualité de vie, il faut consulter!
«Grâce aux traitements de substitution en testostérone, on développera du muscle rapidement et on retrouvera l’ardeur sexuelle de ses vingt ans.»
Faux. Le but de ces traitements est de réduire voire d’éliminer les risques et les désagréments pour la santé. Pas de faire de vous un Apollon ou une bête de sexe.