C’est un tournant majeur. La traditionnelle carte Maestro est appelée à disparaître. Elle est peu à peu remplacée par des cartes de nouvelle génération, principalement la Debit Mastercard. Certaines banques proposent la Visa Debit, qui succède à la V-Pay, peu répandue. Nos réponses aux questions fréquemment posées.
Quels sont les avantages des nouvelles cartes?
L’atout principal des nouvelles cartes de débit est qu’elles permettent d’effectuer des achats sur internet, contrairement à la Maestro. Bien que celles-ci ressemblent à s’y méprendre à une carte de crédit, elles n’offrent pas la possibilité de faire des achats à crédit. La transaction est immédiatement débitée. Le solde du compte détermine le montant que l’on peut dépenser. Autre innovation: ces cartes remplissent toutes les conditions techniques pour le paiement mobile. En outre, chaque client peut gérer et adapter lui-même les fonctions disponibles (E-commerce, avec ou sans contact).
Quel calendrier de remplacement est fixé?
Tous les établissements n’avancent pas au même rythme (lire tableau). La Banque Cantonale de Fribourg a déjà lancé au printemps 2018 la BCF Debit Mastercard. Credit Suisse a démarré le remplacement de la Maestro en juillet 2020 et le processus devrait être en grande partie terminé à la fin 2022. En revanche, les Banques Cantonales vaudoise et du Valais n’ont pas encore annoncé leur intention et informeront leurs clients en temps utile. Les Maestro restent, en principe, valables jusqu’à leur date d’expiration. Les clients reçoivent automatiquement les nouvelles cartes avant que l’ancienne n’arrive à échéance.
Qu’est-ce qui différencie l’offre Mastercard de la Visa?
Ces deux cartes ont des propriétés très semblables et sont largement acceptées à travers le monde. La plupart des banques restent fidèles à Mastercard et ont opté pour la Debit Mastercard, en remplacement de la Maestro. Certains instituts ont cependant préféré l’offre de Visa, qui facture des frais plus élevés aux commerçants (lire tableau). C’est le cas de la Banque Migros et de la Banque Cler. De leur côté, UBS et Raiffeisen proposent à leur clientèle aussi bien la Debit Mastercard que la Visa Debit.
Ai-je encore besoin d’une carte de crédit?
Comme les nouvelles cartes de débit permettent d’effectuer des emplettes sur internet, il est tentant de s’épargner les frais plus élevés d’une carte de crédit. Certains commerçants continuent toutefois d’exiger que l’on fournisse en garantie une carte de crédit pour certaines prestations, par exemple la location de véhicules ou la réservation d’hôtels. Au-delà de la flexibilité financière, celle-ci inclut souvent des prestations supplémentaires comme des assurances et des programmes de bonus. Le client qui privilégie la sécurité lorsqu’il est en voyage devrait continuer d’emporter une carte de crédit, recommande le site moneyland.ch.
Combien coûtent les nouvelles cartes?
En principe, les frais correspondent à ceux d’une Maestro. Toutes les banques n’ont pas annoncé leur nouvelle grille tarifaire. Quelques établissements ont néanmoins augmenté la cotisation annuelle. La BCF, par exemple, demande 40 fr. pour la Mastercard, soit 10 fr. de plus que pour la Maestro. La Banque Cantonale Bernoise (BCBE) facture, quant à elle, des frais annuels de 50 fr., contre 30 fr. pour l’ancienne carte. Des frais de 1.50 fr. par transaction sont généralement facturés pour les achats à l’étranger. Les conditions d’utilisation peuvent toutefois varier d’un établissement à l’autre. Credit Suisse ou la BCBE, par exemple, renoncent à taxer les paiements à l’étranger. Comme toutes les banques, elles gagnent cependant de l’argent en majorant les taux de change.
Qu’est-ce qui change pour les commerçants?
Les petites et moyennes entreprises (PME) sont les principales perdantes dans cette affaire, car elles devront payer des frais plus élevés. Une commission de 28 centimes par transaction est prélevée avec la Maestro par le prestataire de services de paiement Worldline (ex-SIX Payment Services). Ces frais baissent certes à 10 centimes pour les nouvelles cartes, mais il faut ajouter 0,49% du montant de la transaction pour Mastercard et 0,95% pour Visa. Le Surveillant des prix, Stefan Meierhans, a conclu, l’an passé, un accord avec Worldline pour plafonner ces frais à 3.50 fr. par transaction pour Visa et à 2 fr. pour Mastercard. La facture reste cependant très salée en comparaison avec la Maestro, souligne l’Union suisse des arts et métiers (USAM), qui représente les PME du commerce de détail. Les coûts des transactions par carte de débit restent inférieurs à ceux des opérations par carte de crédit et à ceux d’autres moyens de paiement, comme Twint, note Monsieur Prix. Il n’est toutefois pas exclu que des commerçants répercutent la hausse des coûts sur les clients.
Alexandre Beuchat