La vaccination contre la grippe a démarré à la mi-octobre. On peut désormais obtenir l’injection qui doit booster son système immunitaire sans passer par la case médecin: il suffit souvent de faire un saut à la pharmacie de son quartier. Nombre d’officines vaccinent non seulement contre ce fichu virus de l’Influenza qui déferle chaque hiver, mais aussi contre d’autres maladies. Rougeole, encéphalite à tique, hépatite A et B, zona ou coqueluche… la liste ne cesse de s’allonger, avec de notables disparités entre les cantons.
Les pharmacies étant plus facilement accessibles que les cabinets médicaux, leur donner la possibilité de vacciner facilite cette démarche auprès d’un large public. Le but est de maintenir une couverture vaccinale suffisante au sein de la population; un enjeu important, comme l’ont rappelé la pandémie de Covid-19 et la recrudescence de certaines maladies, telles que la rougeole ou la coqueluche.
Ces dernières années, les pharmaciens ont réclamé un rôle plus important en matière de soins et ont obtenu le droit d’offrir de nouvelles prestations. La vaccination en fait partie. Cette compétence leur a été attribuée lors de la révision de la loi sur les professions médicales, en 2016. «Notre faîtière a dès lors organisé des formations complémentaires», explique la Société suisse des pharmaciens.
Première dose et rappels
Dans la pratique, les injections en pharmacie doivent obtenir le feu vert des autorités cantonales, qui décident quels sérums peuvent être administrés ou non. Cette autorisation englobe parfois la première dose d’un vaccin ainsi que les éventuels rappels; dans d’autres cas, elle autorise uniquement les doses de rappel. Résultat: l’offre varie grandement d’un canton à l’autre, comme le montre notre tableau.
En octobre, le canton de Vaud a autorisé les pharmaciens à injecter les rappels de deux vaccins (diphtérie-tétanos-coqueluche et zona), ainsi que le vaccin contre le papillomavirus (HPV) à des adultes de plus de 27 ans. Ceux-ci s’ajoutent à une liste qui comptait: la vaccination contre la grippe, l’encéphalite à tiques, les vaccins contre la rougeole-rubéole-oreillons, contre le Covid-19 et contre l’hépatite A et B (2e dose).
Vaud se rapproche ainsi du canton de Neuchâtel qui autorise, en plus, le rappel de la poliomyélite. En Suisse romande, c’est à Genève que les possibilités sont les plus nombreuses. Les pharmaciens y ont, en plus, le droit de proposer les vaccins contre les méningocoques et les pneumocoques.
Valais à la traîne
En Valais, seuls trois sérums peuvent être administrés en dehors d’une consultation médicale. En 2020, le canton acceptait que le vaccin contre l’encéphalite entre en pharmacie aux côtés de ceux contre la grippe et le Covid-19, mais refusait cet assouplissement pour la vaccination contre l’hépatite A et B, s’alignant alors sur les réticences de la Société médicale du Valais.
Selon la co-présidente de PharmaValais, Camille Besse Barras, la situation pourrait changer ces prochains mois: «Nous travaillons en étroite collaboration avec le service de la santé publique pour que la liste des vaccins autorisés en officine soit élargie.»
Le Département valaisan de la Santé fait état d’une réflexion entamée en 2023. Il relève qu’«un élargissement des vaccins autorisés en pharmacie a été inclus au sein de la révision partielle de la loi sur la santé proposée au parlement début 2024» qui sera traitée en deuxième lecture prochainement.
Pas (encore) de remboursement
Face à ces différences de pratiques cantonales, la Société suisse des pharmaciens plaide pour une harmonisation. Elle réclame surtout une prise en charge de la vaccination en pharmacie par l’assurance obligatoire des soins. Pour l’heure, les vaccins administrés par un pharmacien sont à la charge des patients (lire l’encadré). Mais la question est en discussion au Parlement dans le cadre de la modification de la loi sur l’assurance maladie et la situation pourrait changer à l’avenir.
➙ Trouver une pharmacie qui propose la vaccination:sur le site PharmaSuisse
Geneviève Comby
Payer de sa poche ou non les sérum et injection
L’assurance de base rembourse
➛ Les vaccins recommandés *
- Chez le médecin: sérum et injection
- En pharmacie: sérum sur ordonnance uniquement
L’assurance de base ne rembourse pas
➛ Les vaccins recommandés*
- En pharmacie: sérum sans ordonnance et injection
➛ Les autres vaccins
- Chez le médecin: sérum et injection
- En pharmacie: sérum et injection
* Trouver quels vaccins sont recommandés selon son âge et son état de santé sur: Infovac.ch (les vaccins selon le profil)
Pas avant 16 ans et à ses frais
ÂGE La vaccination en pharmacie est réservée aux personnes dès 16 ans en bonne santé générale. Restrictions supplémentaires: avoir plus de 27 ans pour le papillomavirus dans le canton de Vaud et plus de 65 ans pour le zona à Neuchâtel.
COÛT L’assurance de base rembourse les vaccins s’ils sont: recommandés par les autorités et administrés par un médecin. Cela sous réserve du montant de la franchise et de la quote-part du patient. Les injections réalisées en pharmacie ne sont pas prises en charge. Au mieux, il est possible de se faire rembourser le sérum si l’on détient une ordonnance médicale.
Exemple: le vaccin contre l’encéphalite à tique coûte environ 45 fr. la dose (il en faut trois), celui contre la rougeole environ 36 fr. la dose (deux doses), et celui contre le zona 166 fr. la dose (deux doses).