Un grand patron doit-il obligatoirement porter un costard-cravate pour être crédible? Non, si l’on en croit… le Nasdaq qui, lui, semblait le croire. Petit retour au 18 mai 2012. Ce jour-là, Facebook rate son entrée en Bourse, et l’action dégringole de 30% en trois semaines. Les investisseurs semblent pris d’un affreux doute sur la capacité de Mark Zuckerberg à transformer son réseau social en entreprise rentable. Beaucoup d’amis mais peu de clients et un boss à qui l’on reproche d’être fringué comme un ado attardé, sweat à capuche, jeans délavés et baskets fleurant bon le caoutchouc. Pour de nombreux financiers, «Zuck», né en 1984, a plus la tronche à passer ses soirées à maltraiter sa PlayStation qu’à peaufiner des stratégies commerciales concluantes.
Pendant de longs mois, l’action, introduite à 38 dollars, végète entre 20 et 30 dollars. Puis, le 25 juillet 2013, coup de tonnerre, elle bondit de plus de 30% en une seule séance. Le réseau social vient d’annoncer une forte hausse de ses revenus grâce à la publicité sur les téléphones portables et les tablettes. «Zuck» paraît subitement bien plus compétent et, s’il reste toujours aussi mal fringué, ce sont les investisseurs qui retournent leur veste. Le 31 juillet, l’action dépasse pour la première fois son cours d’introduction. Le 10 septembre, elle clôture à 43.60 dollars.
A l’arrivée, ceux qui n’ont pas sous-estimé le jeune patron sont récompensés. En achetant pour 21 500 dollars d’actions le 30 novembre 2012 (cours 27 dollars), un petit malin a vu leur valeur atteindre 34 660 dollars le 10 septembre 2013, soit un gain de 12 500 fr. (63%) en moins de dix mois. Pas mal, non ?
Sébastien Sautebin