L’été, le thermomètre grimpe. Lunettes de soleil, chapeau, crème solaire, ventilateur… chacun prend ses précautions. Mais qui se méfie des effets des médicaments? Coup de chaleur, déshydratation, problèmes rénaux, les risques d’interaction néfastes en cas de canicule ne doivent pourtant pas être sous-estimés.
Effets sur la transpiration...
Certaines pilules interfèrent directement avec la régulation de la température de notre organisme. Prenez la transpiration. Elle nous permet d’ajuster notre thermostat, puisqu’en s’évaporant, la sueur nous rafraîchit. Mais certains antiallergiques, de même que certains antidépresseurs et d’autres calmants, ont pour effet de diminuer la sudation. Ils accentuent ainsi le risque de coup de chaleur. «Ce n’est pas le cas de tous les antiallergiques, ni de tous les antidépresseurs, plutôt des classes de médicaments plus anciennes», précise Thierry Buclin, médecin-chef du Service de pharmacologie clinique du CHUV. Parmi les traitements qui posent le même genre de problème, il faut ajouter ceux prescrits contre l’incontinence urinaire et contre la maladie de Parkinson.
… Et la déshydratation
Les grandes chaleurs favorisent la déshydratation. Transpirer nous rafraîchit, c’est vrai, mais en même temps ce mécanisme a pour conséquence de nous faire perdre une eau précieuse. Pour compenser, il faut boire suffisamment. C’est encore plus vrai quand on prend certains médicaments. Les diurétiques, par exemple. Utilisés entre autres contre l’hypertension artérielle, ils favorisent par nature l’élimination d’eau et de sel par les reins. Ils peuvent donc aggraver une déshydratation due à la chaleur. Y compris chez une personne qui, habituellement, supporte très bien ce traitement.
En réalité, certains médicaments précipitent la cascade d’effets néfastes que provoquent de fortes chaleurs. Des températures caniculaires nous exposent à la déshydratation qui elle-même fait peser un risque sur le bon fonctionnement des reins. Boire suffisamment devient ainsi essentiel lorsqu’on prend de banals anti-inflammatoires non stéroïdiens (ibuprofène, entre autres), car ceux-ci, tout comme les antihypertenseurs, les antibiotiques de la famille des sulfamides et certains antiviraux, augmentent le risque d’insuffisance rénale en cas de déshydratation.
Diminuer les doses lors des pics de chaleur
Prudence encore quand le fonctionnement des reins est altéré: en cas de déshydratation, certains médicaments peuvent s’accumuler dans le sang à des concentrations toxiques. C’est le cas d’un traitement pour le cœur, comme la digoxine, mais aussi du lithium, utilisé contre les troubles bipolaires ou encore du méthotrexate, prescrit contre la polyarthrite rhumatoïde et le psoriasis. Une telle intoxication peut provoquer vomissements et diarrhées et aggraver encore plus la déshydratation.
Résultat: un cercle vicieux dangereux. «Dans certains cas, les médecins devraient diminuer la dose prescrite durant les jours de très fortes chaleurs afin d’éviter des surexpositions», estime Thierry Buclin.
Il n’est toutefois pas recommandé de modifier un traitement de sa propre initiative. Se renseigner auprès de son médecin, voire d’un pharmacien est une bonne idée, même en cas de prise ponctuelle d’un médicament. Car les notices qui les accompagnent ne mentionnent pas systématiquement d’éventuelles interactions délétères avec la chaleur.
Aussi pour des traitements banals
Les personnes âgées sont plus exposées à ces complications, mais les jeunes, même en pleine santé, ne sont pas à l’abri des méfaits d’un médicament en apparence anodin. Pris alors que le thermomètre est dans le rouge, un antihistaminique peut, par exemple, précipiter un coup de chaleur. Tout particulièrement en cas d’activité physique ou d’effort. Avec à la clé, des nausées, des maux de tête, des vertiges, voire un malaise plus grave encore. Il est donc utile de se renseigner et de ne pas oublier de boire beaucoup.
Geneviève Comby
Attention au coup de soleil!
Vous avez prévu de lézarder à la plage durant les vacances? Sachez que certains médicaments ont la propriété d’être photosensibilisants. En réagissant aux rayons UV, ils peuvent accentuer l’effet d’un coup de soleil. Et provoquer des réactions cutanées désagréables telles que des brûlures, ou encore des allergies.
Cela peut paraître surprenant, car ces médicaments ne se présentent pas sous la forme d’une crème à appliquer sur la peau, ils se prennent par voie orale. Parmi eux, des antibiotiques, des antidépresseurs, des anxiolytiques, des médicaments contre l’acidité gastrique, des traitements contre les troubles du rythme cardiaque, des diurétiques, des anti-inflammatoires non stéroïdiens. Recherchez cette mention dans la notice du produit et renseignez-vous auprès de votre médecin ou pharmacien.