Ce sont de petits dépôts de sels minéraux, mais ils terrassent les plus vaillants. Les calculs rénaux provoquent des douleurs insoutenables. Lorsqu’un de ces petits «cailloux» se met à bouger pour descendre par le canal urinaire, et que sa taille obstrue le passage, le calvaire commence. Une méthode chirurgicale mini-invasive s’est récemment imposée en Suisse romande pour traiter les plus gros spécimens, ceux qui passeront difficilement par les voies naturelles.
Mal de dos, sang dans les urines constituent des signaux d’alerte avant les coliques foudroyantes. Mais pas toujours. Un calcul peut mettre des mois, voire des années à se former dans les cavités du rein, sans se faire remarquer. Certains atteignent une dizaine de centimètres.
Canule à travers la peau
En insérant un appareil directement à travers la peau du dos jusqu’au rein, à l’aide d’une canule d’un diamètre d’à peine 2 à 9 mm, il est désormais possible de fragmenter et d’extraire ces calculs. Cette technique (la néphrolithotomie percutanée) présente certains avantages par rapport à d’autres types d’interventions.
Les ondes de choc, par exemple, sont non-invasives. Elles ciblent un calcul et le pulvérisent en tout petits morceaux censés pouvoir être évacués par les voies naturelles. Avec le risque, toutefois, que des dépôts s’accumulent et bloquent tout de même le flux urinaire. «Les ondes peuvent aussi faire des dégâts sur le rein, provoquer de l’hypertension ou des insuffisances rénales si on doit utiliser cette méthode de façon réitérée», précise Olivier Bonny, médecin néphrologue à l’Hôpital fribourgeois et au CHUV.
L’autre méthode fréquemment utilisée, l’urétéroscopie, recourt à un tube optique très fin et souple que l’on fait remonter depuis l’urètre jusque dans les reins pour casser, à coup d’impulsions, le calcul et l’enlever, fragment par fragment. «Venir à bout d’un calcul de 4 à 5 cm avec cette méthode pourrait prendre des jours ou plusieurs interventions», souligne Beat Roth, urologue à l’Inselspital de Berne. Or, comme le rappelle Olivier Bonny, «l’uretère est un canal très fragile. A force de le remonter, le risque de déchirure augmente».
Dix jours de convalescence
D’où l’intérêt d’intervenir par voie percutanée. Cette nouvelle méthode permet en outre de neutraliser des calculs situés dans la partie basse du rein, plus difficile d’accès avec l’urétéroscope. La technique est surtout utilisée pour des cristaux de plus de 1,5 cm. «Elle permet aussi de rincer le rein et d’ôter tous les fragments», ajoute Beat Roth, qui a introduit cette méthode au CHUV lorsqu’il y exerçait.
Efficace, peu invasive, celle-ci n’est pas anodine pour autant. Elle nécessite une anesthésie générale et 2 à 3 jours d’hôpital, suivis d’une période de convalescence d’une dizaine de jours. Les activités sportives sont déconseillées pendant 3 à 4 semaines.
Signal d’alerte
Quelle que soit la prise en charge médicale, l’apparition de calculs rénaux devrait sonner comme une alarme. Ces cailloux, qui touchent une personne sur dix, proviennent la plupart du temps d’une hygiène alimentaire inadéquate. Le fort taux de récidive – 50% dans les cinq à dix ans – montrent combien il est difficile de perdre ses mauvaises habitudes. Mais le jeu en vaut la chandelle. D’autant qu’il existe une corrélation entre l’apparition de calculs rénaux et un accident cardio-vasculaire, voire de l’ostéoporose quelques années plus tard.
Geneviève Comby
Faire du lait son allié
L’apparition de calculs rénaux est parfois liée à une prédisposition génétique. Mais, dans la majorité des cas, c’est du côté de l’assiette que se trouve le coupable. L’alimentation ne devrait pas être trop riche en protéines animales ou en sel. Attention aussi à bien s’hydrater, afin que les urines soient diluées, et n’abusez pas de compléments en vitamines C ou D dont l’excès favorise les calculs (lire aussi «Aucun complément ne rectifiera les excès»).
Ce n’est pas parce que ceux-ci sont souvent composés de calcium qu’il faut y renoncer. Dans l’intestin, il contribue à évacuer l’oxalate (un déchet du métabolisme). Moins d’oxalate qui atteint le rein, c’est moins de chance laissée aux calculs de s’y développer.
Fruits, légumes, chocolat noir, thé noir contribuent à produire de l’oxalate. «On préconise par exemple du chocolat au lait plutôt que noir, puisque le lait contient du calcium, ou alors d’en mettre une tombée dans son thé, à l’anglaise», note le médecin Olivier Bonny. Les eaux minérales riches en calcium, comme celles des Alpes, sont aussi des alliées.