L’hypertension est une maladie fréquente. On estime qu’en Suisse, un adulte sur cinq a une tension artérielle trop élevée, soit quelque 1,7 million de personnes. L’hypertension est aussi une affection sournoise, elle ne provoque le plus souvent pas ou peu de symptômes, elle a pourtant des conséquences graves sur la santé.
L’hypertension, c’est quoi?
L’hypertension (pression artérielle élevée) correspond à une pression trop élevée dans les vaisseaux sanguins (140/90 mmHg ou plus). La tension artérielle est indiquée par deux chiffres. Le premier chiffre (la tension systolique) correspond à la pression dans les artères lorsque le cœur se contracte. Le deuxième chiffre (la tension diastolique) correspond à la pression dans les artères au moment du relâchement du cœur. L’unité utilisée pour la pression artérielle, souvent abrégée «mmHg», exprime des «millimètres de mercure».
Trop, c’est combien?
La question est simple, la réponse un peu plus compliquée. Sur le principe, de manière basique: plus le chiffre est haut, moins le résultat est bon. Pour aller plus loin, il faut se baser sur les normes de la Société suisse d’hypertension:
Tension normale 120-129 / 80-84 mmHg
Normale élevée 130-139 / 85-89 mmHg
Hypertension légère 140-159 / 90-99 mmHg
Hypertension modérée 160-179 / 100-109 mmHg
Hypertension sévère plus de 180 / 110 mmHg
Quelles sont les causes de l’hypertension?
Dans la grande majorité des cas, il n’existe pas de cause particulière. Cependant, certains facteurs augmentent le risque de développer une hypertension. Les mauvaises habitudes alimentaires: consommer trop de sel, d’aliments riches en graisses, d’alcool et pas assez de fruits et légumes. Le faible niveau d’activité physique, le manque d’exercice. Le surpoids. Le tabagisme. L’hypertension devient aussi plus fréquente avec les années. En énumérant ces facteurs, on voit que chacun peut diminuer son risque en adoptant des habitudes favorables à la santé.
Quand et comment la dépister?
Moins de la moitié des adultes (42 %) souffrant d’hypertension sont diagnostiqués et bénéficient d’un traitement, selon l’Organisation mondiale de la santé. Pour ce qui est du dépistage, il est recommandé une fois tous les trois ans avant 40 ans, une fois par an au-delà. Le meilleur moyen de dépister l’hypertension est de faire prendre sa tension artérielle chez le médecin, ou de la mesurer à la maison avec un tensiomètre validé. Attention, les nouveaux appareils de mesure de la tension artérielle sans brassards, comme les montres connectées, bien que prometteurs, ne sont à l’heure actuelle pas validés.
Quels sont les risques?
L’hypertension est le plus souvent silencieuse, jusqu’au moment où surviennent des complications. Elle peut toucher la plupart des organes essentiels de l’organisme: le cœur (faiblesse du cœur, infarctus), le cerveau (accident vasculaire cérébral), les reins (insuffisance rénale), les yeux (troubles de la vue), etc.
Plus la tension est élevée, plus le risque est grand. A valeurs égales, le danger est plus grand si une personne présente d’autres facteurs de risque cardiovasculaires, comme le tabagisme, le diabète ou un excès de cholestérol.
Comment la prévenir, comment la traiter?
En premier lieu, en adoptant de bonnes habitudes de vie: une alimentation équilibrée et une activité physique régulière (il n’est pas forcément nécessaire de faire du sport; bouger, marcher est déjà très utile), maintenir son poids, modérer sa consommation d’alcool et ne pas fumer. C’est tout simple…
Si une hypertension est diagnostiquée, un traitement médicamenteux peut être envisagé. Il est possible, dans la grande majorité des situations, de trouver un traitement bien supporté, qui ramènera votre tension dans des valeurs normales. Même si, parfois, votre médecin aura besoin d’un certain temps pour trouver la bonne combinaison de médicaments qui vous conviendra.
Avec un traitement médicamenteux, l’objectif à atteindre dépend de la situation de chacun, notamment de la présence ou non d’autres problèmes de santé. Chez une personne qui souffre d’une maladie du système cardiovasculaire (infarctus ou accident vasculaire cérébral), de diabète ou d’une maladie rénale chronique, l’objectif sera une valeur inférieure à 130/80 mmHg.
Dr Jean Gabriel Jeannot, médecin, spécialiste en médecine interne