C’est une des grosses lacunes de notre système de protection sociale: le revenu d’un employé qui ne peut plus travailler à la suite d’un accident est relativement bien couvert, mais il l’est nettement moins en cas de maladie grave. C’est vrai pour les assurances perte de gain, qui vont verser des prestations dès que les obligations de l’employeur cessent et jusqu’au 720e jour, mais aussi pour la troisième année et les suivantes, comme nous allons le voir plus loin. Or, les cas d’invalidité sont dus à la maladie dans 92% des cas, contre 8% seulement à un accident!
Dès la 3e année
Si une personne ne peut pas reprendre le travail après deux ans d’arrêt, c’est, l’assurance invalidité (AI) – à laquelle succédera l’AVS dès 65 ans (64 ans pour les femmes) – qui prend le relais et verse une rente. Celle-ci varie entre 1175 fr. et 2350 fr. par mois, en fonction du salaire moyen assuré. Un maigre pécule auquel s’ajoutent entre 470 fr. et 940 fr. pour chaque enfant à charge. Mais aussi d’éventuelles rentes du 2e pilier, qui ne vont, toutefois, représenter que 15% à 20% du dernier salaire si l’employeur limitait la couverture au minimum légal*.
Fort heureusement, si l’arrêt de travail a été provoqué par un accident, l’assurance du même nom vient compléter ces entrées, qui peuvent ainsi atteindre au plus 90% du dernier salaire. Mais rien de tel, si c’est la maladie qui est la source du problème. Voilà pourquoi, il peut être utile de contracter une assurance complémentaire, qui va verser une rente partielle à partir d’un taux d’invalidité de 25% et complète dès 66,6%, parfois 70% (entre les deux, le montant est proportionnel).
Lecture du tableau
Dans le tableau ci-contre, nous avons comparé les offres des plus importantes compagnies suisses dans le domaine pour une personne de 35 ans souhaitant couvrir une rente mensuelle de 2000 fr. par mois.
La colonne 1 indique le montant de la prime annuelle brute, soit celui qu’il faut s’attendre à payer réellement. Une éventuelle participation au bénéfice permet, théoriquement, de le diminuer 2, mais cela n’est pas garanti et même rare aujourd’hui, en raison du très bas rendement des placements sans risque. Par ailleurs, les compagnies étalent les cotisations sur différents laps de temps, de façon à ce qu’il ne reste rien à payer les dernières années 3. La colonne 4, sur laquelle est basée notre classement, indique donc le montant brut payé pour la durée totale du contrat.
Le montant de la prime brute varie aussi avec l’âge d’entrée. Sans surprise, il augmente avec les années. Et, bien sûr, il n’est pas garanti sur la durée, sauf auprès de Bâloise et Generali, mais pendant cinq ans au plus 5. Enfin, certaines compagnies demandent un supplément aux fumeurs, d’autres pas 6.
Comme on le voit, la prime est souvent plus élevée pour les femmes (entre 2% et 5%, avec une pointe à 18% à Bâloise), mais parfois moins chère aussi (Helvetia et La Mobilière). Et, surtout, elle diffère de presque 40% d’une compagnie à l’autre. Certains assureurs adaptent leurs tarifs en fonction de la profession exercée, plus rarement du lieu de domicile.
La juste façon de s’assurer
⇨ Calculez en premier lieu combien l’AI et la caisse de pension vous verseraient en cas d’invalidité prolongée consécutive à une maladie. L’éventuelle différence entre cette somme et le salaire actuel peut être compensée par ce genre d’assurance.
⇨ Si vous êtes suffisamment assuré en cas d’invalidité due à un accident, annulez cette couverture, vous économiserez ainsi quelque 10%.
⇨ N’assurez que la rente dont vous avez effectivement besoin. De toute façon, la compagnie refusera de couvrir une somme qui dépasse clairement votre salaire actuel.
⇨ Remplissez le questionnaire santé avec précision et sans rien oublier. Les personnes âgées et les jeunes qui assurent de grosses sommes devront vraisemblablement passer un examen médical.
⇨ La résiliation est possible chaque année, sans frais, puisqu’il s’agit d’une simple assurance risque.
*Elles peuvent aller jusqu’à 50%, voire 60% en cas de prestations surobligatoires.
Christian Chevrolet