L’effet des hormones contenues dans les contraceptifs peut être altéré par certains traitements. Un risque insuffisamment pris en compte par les médecins, lors de la prescription. C’est ce qui est arrivé à Carmen, une lectrice souffrant de crises d’épilepsie. Elle n’a appris qu’après trois ans – et par hasard – que son traitement pouvait entraîner une grossesse non planifiée. Ni son neurologue, ni son gynécologue, ne l’en avaient avertie.
A rappeler lors de la prescription
Les personnes épileptiques sont particulièrement mal informées, selon plus de dix études, dont une publiée en 2019 dans la revue spécialisée The Lancet Neurology. La Ligue suisse contre l’épilepsie s’est d’ailleurs fendue d’une lettre d’information, invitant les gynécologues et les neurologues à la prudence lorsqu’ils combinent des médicaments contre l’épilepsie avec la pilule. Les substances actives concernées sont la gabapentine et la prégabaline.
D’autres traitements affaiblissent l’effet des contraceptifs hormonaux. Y compris lorsqu’ils sont pris sur de courtes durées, dans le cas des antibiotiques. Il est vivement recommandé d’informer son médecin si l’on prend la pilule, lors d’une nouvelle prescription.
Préservatif et diaphragme en complément
Si le traitement est de courte durée, on pourra se tourner vers la solution temporaire des préservatifs, suggère la gynécologue zurichoise Dorin Ritzmann. Un diaphragme (en latex ou en silicone) peut également être envisagé.
S’il s’agit de médicaments prescrits à long terme, Dorin Ritzmann recommande le diaphragme, un dispositif intra-utérin (DIU, couramment appelé stérilet) hormonal ou au cuivre. Le DIU hormonal agit localement et n’est donc pas influencé par les substances actives.
Le pharmacologue Stefan Weiler recommande de lire la notice d’emballage de toute nouvelle prescription. Les interactions avec la pilule y sont mentionnées. Il est parfois possible de se rabattre sur un principe actif qui n’interférera pas.
Katharina Herzig / ld
Attention à ces catégories de médicaments
Laxatifs
Les laxatifs favorisent l’évacuation des selles, voire l’élimination de la pilule avant qu’elle n’ait fait effet. Les substances actives de la pilule mettent un certain temps à passer de l’intestin au sang. Il faut donc patienter au moins quatre heures après avoir pris la pilule avant de prendre un laxatif.
A noter que les diarrhées et vomissements survenant dans les quatre heures après la prise de la pilule ont les mêmes conséquences. Dans ce cas, il est conseillé de prendre une autre pilule, d’un emballage de réserve. Et d’utiliser un moyen contraceptif alternatif, dans le cas où l’on aurait tout de même un rapport sexuel, durant une maladie gastro-intestinale.
Antibiotiques
La prudence est de mise avec les principes actifs rifampicine et rifabutine. Ils affaiblissent l’effet des hormones dans les contraceptifs en accélérant leur dégradation dans le corps. On ne sait pas si c’est également le cas pour d’autres antibiotiques comme la pénicilline. Lors d’une prescription d’antibiotique, toute personne sous contraception hormonale devrait, par précaution, utiliser un moyen contraceptif complémentaire.
Antidépresseurs
Le millepertuis favorise la dégradation des hormones dans le foie et réduit la concentration des substances actives dans le corps. Les médecins utilisent le millepertuis en cas de dépression légère. Le pharmacologue bernois Bernhard Lauterburg conseille de ne pas prendre de millepertuis en même temps que l’on utilise une contraception hormonale, même si le risque de grossesse non désirée est plutôt faible dans ce cas.