Depuis plusieurs décennies déjà, les Suisses sont de plus en plus nombreux à quitter le monde du travail manuel pour occuper le secteur des services. Et, si les accidents professionnels et autres maladies liées à la pénibilité du travail sont moins nombreux, d’autres maux ont fait leur apparition.
Ainsi donc, au bureau aussi, les employés peuvent souffrir de leurs conditions de travail. Selon une récente étude publiée par le Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco), les employés se plaignent de diverses contraintes psychiques et nerveuses. Au niveau national, 41% des personnes actives font état de tension forte ou assez forte (en comparaison: 23% se plaignent de charges physiques lourdes ou assez lourdes).
Le manque de travail rend aussi dépressif
Le stress, la nervosité, le surmenage et le mobbing comptent pour beaucoup dans la dégradation de la santé psychique. Un travailleur sur dix ressent même de la peur au travail. Les branches des transports et communications, banques et assurances ainsi que les secteurs de la santé et du social sont, toujours selon le Seco, ceux qui présentent le plus de risques.
On le sait depuis quelques années, le surmenage et le stress peuvent engendrer un «burn-out», syndrome d’épuisement professionnel qui conduit à de nombreux maux, tels que dépression, douleurs et perte de l’estime de soi. Ce qu’on ignore encore trop souvent, c’est que le manque d’activité au travail peut lui aussi aboutir à de véritables maladies. Appelé «bore out» (de l’anglais «bore», signifiant ennui), ce syndrome peut faire des ravages. En manque de stimulation professionnelle, les employés tombent dans une forme d’épuisement par l’ennui, comme le confirme Rolf Heim, psychiatre à l’Institut de médecine du travail, de Baden (AG): «Tout le monde a besoin de donner un sens à sa vie, parfois à travers l’accomplissement au travail. Lorsque ce dernier perd tout sens, on peut en devenir malade.»
Le bore out peut ainsi rendre dépressif, mais aussi causer des troubles du sommeil, des crises d’angoisse ou encore des troubles digestifs.
Un mal pernicieux
Le problème est d’autant plus difficile à gérer qu’il est pernicieux. En effet, peu de travailleurs osent se plaindre d’être sous-employés, sous peine de perdre leur emploi. Ces personnes en deviennent encore plus stressées. En même temps, elles essaient de donner l’impression de ne pas se tourner les pouces.
En manque de tâches, mais aussi en manque de travail à la hauteur de leurs compétences, c’est ainsi que les employés peuvent tomber dans la dépression, se sentant inutiles. Un sentiment qui entraîne, à son tour, une perte de l’estime de soi. Difficile, dans ces conditions, de se sen-tir prêts pour la recherche d’un nouvel emploi.
Pour s’en sortir
Selon la revue alémanique Gesundheitstipp, un employé sur dix serait touché par le bore out. Pour refaire surface, il convient en premier lieu de sortir de sa coquille:
- demandez à votre patron de vous confier davantage de responsabilités;
- proposez vos services à vos collègues;
- si aucune solution ne paraît envisageable, songez alors à rechercher un nouveau travail, pourquoi pas au sein de la même entreprise;
- il est aussi primordial de s’aménager du temps libre pour s’adonner activement aux loisirs et au maintien du contact avec ses proches.
Afin de s’en sortir, il est également possible de demander l’aide d’un psychologue ou d’un coach professionnel.
Yves-Alain Cornu
Votre employeur doit vous ménager
L’employeur a l’obligation de garantir la santé tant physique que psychique de ses salariés. Il doit ainsi organiser le travail de façon à les préserver autant que possible du surmenage et autres dangers menaçant leur santé.
Le guide «Vos droits au travail» évoque ces problèmes de santé spécifiques de façon plus détaillée.
«Vos droits au travail», un dossier édité par Bon à Savoir, commande en page 28. Rabais de 5 fr. pour nos abonnés.