Les cas de méningoencéphalite à tique (TBE ou FSME) sont en forte hausse depuis trois ans dans notre pays. L’année passée, ils ont atteint un niveau record de 377 cas déclarés. Face à cette situation, l’Office fédéral de la santé publique (OFSP) a récemment étendu les «zones à risque». «Désormais, la vaccination contre la FSME est recommandée à toutes les personnes habitant ou séjournant en Suisse, à l’exception des cantons de Genève et du Tessin, et qui s’exposent aux tiques, notamment en se rendant en forêt ou de manière plus générale lors d’activités en plein air», précise l’OFSP. Ce conseil s’adresse aussi aux Genevois et aux Tessinois lorsqu’ils sortent de leur canton.
Complications rares mais sévères
En d’autres termes, «cela concerne la plupart des personnes qui aiment aller se se promener», résume Gilbert Greub, directeur de l’Institut de microbiologie de l’Université de Lausanne et co-responsable du Centre national de référence pour les maladies transmises par les tiques. Vous effectuez un parcours Vita une fois par semaine? Vous tapez dans le ballon avec le club de foot local? Vos enfants jouent dans votre jardin entouré de haies? Alors vous devriez vous faire vacciner, nous a confirmé l’OFSP.
L’Office fédéral qualifie le vaccin de «sûr et très efficace», mais certains médecins émettent de fortes réserves (lire encadré). De son côté, Gilbert Greub estime que les avantages offerts surpassent largement les risques liés aux effets secondaires. «Bien que le risque d'une TBE soit faible, la maladie peut, en effet, être sévère et il n’existe aucun traitement spécifique», note le spécialiste. «De plus, on ne peut pas s’en protéger en retirant rapidement la tique, car le virus est inoculé lors de la piqûre.»
La plupart des personnes infectées développent des symptômes comparables à ceux de la grippe, qui disparaissent au bout de quelques jours, et les choses s’arrêtent là. Mais chez 5 à 15% des patients, le virus attaque le système nerveux central, souligne l’OFSP. Dans les évolutions les plus graves, il est susceptible d’engendrer des paralysies et d’entraîner une invalidité durable ou même la mort pour 1% des personnes ayant eu des manifestations neurologiques.
La vaccination complète peut être faite à n’importe quel moment de l’année chez son médecin de famille et nécessite trois doses. Les deux premières sont administrées à 4-5 semaines d’intervalles et offrent une protection d’environ 95%. Le troisième dose se fait après 9 à 12 mois. Le coût, d’environ 210 fr. (70 fr. par dose) est pris en charge par l’assurance de base, sous réserve de la franchise et de la quote-part. Pour les Genevois et les Tessinois, l’assureur peut être pointilleux et exiger une preuve qu’ils fréquentent des zones à risques.
Porter des habits adéquats
Les tiques transmettent d’autres maladies, dont la borréliose de Lyme contre laquelle il n’existe aucun vaccin. Pour s’en protéger, il est conseillé de porter des vêtements couvrants en balade. «Et si l’on décide de couper à travers bois, on peut mettre ses pantalons dans ses chaussettes pour empêcher les tiques de s’agripper à la peau» précise Gilbert Greub. En rentrant, le spécialiste préconise un autocontrôle corporel afin d’enlever d’éventuelles tiques avec une pince ou des brucelle. Contrairement à la TBE, une extraction rapide réduit considérablement le risque de transmission. Si des symptômes grippaux ou une rougeur autour de la piqûre (érythème) apparaissent, il faut consulter son médecin. La borréliose, qui est due à une bactérie, se traite efficacement avec des antibiotiques.
Sébastien Sautebin
Point de vue: Des médecins romands critiques
Les recommandations de l’OFSP ne convainquent pas tous les médecins romands. «Il ne nous semble pas raisonnable de vacciner les personnes modérément exposées. Ceux qui fréquentent occasionnellement une forêt des régions concernées se protégeront efficacement en portant des vêtements longs et des chaussures fermées. Au retour, il est utile de bien examiner le corps», nous écrit le Dr Jean-Paul Ecklin pour le Groupe médical de réflexion sur les vaccins (infovaccins.ch). Ses membres estiment en effet que la probabilité de contracter une méningite est très faible et que «dans l’immense majorité des cas, le système immunitaire combat efficacement ce virus». En revanche, le groupe pointe du doigt diverses «manifestations décrites» liées à la vaccination, comme «des crampes, des névrites, des troubles visuels, de la surdité, une perte de l’odorat, une dépression, des paralysies, une insuffisance rénale, une sclérose en plaques». A ses yeux, «la directive de l’OFSP semble être une nouvelle opportunité pour les promoteurs des vaccins: une maladie à la description alarmiste et une indication du vaccin le rendant indispensable à tout un chacun (qui ne va pas en forêt?), sans qu’on sache son efficacité, ses effets indésirables et le risque du cumul avec d’autres vaccins».