Le trouble dit de la personnalité borderline (TPB) ou de la personnalité limite, est l’un des plus répandus en Suisse. Il survient plus fréquemment que la schizophrénie.
Or, il plane une grande méconnaissance autour de ce trouble, ce qui entraîne des incompréhensions, voire des discriminations. Mieux comprendre ce genre de maladies invisibles est un enjeu de santé publique. Des initiatives allant dans ce sens voient le jour, comme la Mad Pride, «la fierté des fous», une manifestation organisée le 7 octobre à Lausanne et destinée à déstigmatiser les troubles psychologiques et psychiatriques.
Le trouble borderline affecte les émotions. Il se caractérise par une extrême difficulté dans la gestion de ces dernières et a des conséquences sur les relations interpersonnelles.
Symptômes
Le TPB se manifeste à travers divers comportements:
- Peur panique de l’abandon
- Vision manichéenne des autres: idéalisation ou dévalorisation
- Impulsivité, sentiment de rage
- Perturbation de l’identité: image/notion de soi instable de façon permanente
- Propension à la colère intense ou difficulté à la gérer
- Sentiment chronique d’ennui et de vide
- Changement d’humeur plusieurs fois par jour ou par heure
- Attitudes autodestructrices et propension aux addictions
On peut être atteint de TPB sans forcément en avoir tous les symptômes. Par ailleurs, se retrouver dans un ou plusieurs de ces comportements ne signifie pas non plus que l’on est touché.
Conseil: En cas de questionnement, consultez un ou une spécialiste, pour un diagnostic.
On distinguera les personnes atteintes d’un trait de personnalité borderline de celles atteintes du trouble de façon généralisée. Dans ce dernier cas, la personne se verra très fortement handicapée dans sa vie de tous les jours et dans ses relations avec les autres. Les personnes concernées ont des taux de suicide et de recours à l’automutilation très élevés, ce qui en fait une maladie grave.
De grandes chances de guérison
Ce trouble est mal diagnostiqué, car souvent confondu avec d’autres pathologies. Heureusement, il est possible d’en guérir: 9 patients sur 10 ne présentent plus de manifestations du trouble, dix ans après leur diagnostic, grâce à la thérapie.
La thérapie la plus répandue en Suisse pour soigner ce trouble est la thérapie comportementale dialectique (TCD). Elle mêle séances individuelles et de groupe afin d’exercer ses compétences comportementales. «C’est moins la thérapie que le thérapeute qui compte», pointe Ariane Zinder, psychologue chez Pro Mente Sana. Une fois la relation de confiance établie, le patient pourra progresser. Et, si le contact ne passe pas bien, la règle est de ne pas hésiter à voir différents thérapeutes, jusqu’à trouver la bonne personne. Un conseil qui vaut pour tout suivi psychologique.
Les médicaments peuvent participer à la guérison des troubles borderline, en parallèle d’une thérapie. Ils soulagent les manifestations du trouble et permettent d’y voir plus clair pour la thérapie.
Des aspects positifs
Il est bon de se rappeler que, étant donné leur grande sensibilité, les personnes atteintes du TPB ressentent plus intensément les sentiments positifs, tels que la joie ou l’amour. Elles ont de bonnes capacités d’écoute, une grande créativité et peuvent déborder d’enthousiasme.
En collaboration avec le Dr Yves Le Bloc’h et Pro Mente Sana.
En cas d’urgence: 143
Ligne d’écoute 24h / 7j
Des parades pour aller mieux au quotidien
Beaucoup de personnes atteintes de TPB auront une propension à l’automutilation notamment dans des épisodes dissociatifs. Dans ces moments-là, les personnes n’ont plus l’impression d’être dans la réalité et ont recours à l’automutilation afin de se reconnecter au réel au travers de leurs sensations corporelles. Elles pallient parfois la souffrance psychique par de la souffrance physique. Voici ce que propose Pro Mente Sana pour soulager une crise au quotidien.
Mobiliser les sens
Le goût: mordre dans un morceau de raifort frais, un piment, ou prendre une cuillère de sauce forte.
L’odorat: inhaler des parfums particulièrement forts comme de l’huile de menthe.
Le toucher: masser la peau avec une balle hérisson.
La température: tenir des glaçons dans la main ou les garder dans la bouche, appliquer des Cold-Hot packs ou de l’eau froide sur la peau.
Trouver ce qui apaise
- Prévoir une trousse de secours contenant des objets qui rassurent: liste de numéros de proches aidants, etc.
- Recourir à des groupes d’entraide spécifique à la maladie. Il en existe en ligne, avec un contact facilité en cas de crise.
- En parler avec des proches, organiser des balades en forêt, ou s’occuper d’un animal de compagnie.
Ne pas confondre trouble borderline et bipolaire
Le trouble de la personnalité borderline est souvent confondu avec le trouble bipolaire, ce qui pose parfois problème dans le diagnostic. Il s’agit pourtant bien de deux troubles distincts.
La plus grande différence: la personne borderline va être affectée dans son humeur relativement au contexte relationnel précis dans lequel elle se trouve. Ce contexte ne va pas directement affecter la personne bipolaire. Par exemple: une personne borderline se réveille de bonne humeur et reçoit une remarque désagréable d’un collègue. Résultat: durant les heures qui vont suivre ou le reste de la journée, elle va se sentir mal, et se remettre en question longuement. Mais l’arrivée d’une bonne nouvelle peut suffire à rétablir un bon état d’esprit. A contrario, une personne bipolaire ne sera pas affectée par la remarque négative si elle est en phase maniaque par exemple.