Les chips de maïs ont la cote et trônent en bonne place sur la table au moment de l’apéro. Que contiennent-elles vraiment? Nous avons fait analyser douze produits – bio ou conventionnels – achetés de la grande distribution.
Principal résultat: les mycotoxines sont omniprésentes. Résistantes à la chaleur, ces substances ne sont pas détruites lors de la cuisson ou de la friture. A long terme, elles peuvent avoir des effets néfastes graves sur l’organisme. Ces moisissures toxiques provoquent par exemple des vomissements, tandis que d’autres sont potentiellement cancérigènes.
Le laboratoire a détecté six types de mycotoxines dans dix paquets. Dans cinq d’entre eux, les valeurs enregistrées pouvaient être néfastes pour la santé. Les chips Snack Day de Lidl renfermaient notamment plus d’ochratoxine A que les limites imposées par l’Union européenne (lire encadré). Notons qu’aucune mycotoxine n’a été trouvée dans les chips Coop Naturaplan, et Maria Dolores, achetées chez Globus.
Cuisson trop intense
Second constat: plusieurs produits étaient fortement chargés en acrylamide. Dans certains cas, les experts ont même repéré le problème à l’œil nu: les chips présentaient des parties calcinées, indiquant une très forte cuisson au moment de la fabrication. Or, l’acrylamide se forme lorsqu’on fait griller des aliments riches en amidon.
En 2015, l’Autorité européenne de sécurité des aliments (EFSA) a conclu que cette substance «augmente potentiellement le risque de cancer pour les consommateurs de tous les groupes d’âge». Des tests menés sur des animaux de laboratoire ont montré qu’elle endommage également le système nerveux.
Les chips de la marque Maria Dolores sont celles qui contenaient le plus d’acrylamide (770 microgrammes/kilo), d’où leur mauvaise note globale. C’est 17 fois plus que les chips d’Aldi (45 g/kg). En Suisse, il n’existe pas de seuil limite. Pour notre évaluation, nous nous sommes basés sur la valeur maximale européenne des produits de type cracker, fixée à 300 g/kg. Outre les chips vendues par Globus, les produits des marques M-Classic, Pancho Villa et Coop Fine Food dépassent aussi ce seuil.
Mauvais pour la ligne
Les chips Qualité & Prix de Coop, de même que celles vendues par Denner et Aldi, renfermaient également des résidus de pesticides, à savoir du pipéronyl-butoxyde et de la cyperméthrine. Ces deux substances polluent les eaux durablement et sont toxiques pour les organismes aquatiques, d’après l’Agence européenne des produits chimiques (ECHA). Le pipéronyl-butoxyde serait aussi cancérigène, d’après des essais pratiqués sur des animaux. Le projet de recherche européen Contamed a en outre montré qu’il augmente le risque de malformation chez les fœtus masculins.
Les chips de maïs possèdent cependant un avantage: elles contiennent nettement moins de graisse que d’autres chips. Selon les données du laboratoire, elles affichent entre 21 et 28 g de matières grasses pour 100 g. En 2020, nous avions notamment mesuré jusqu’à 37 g dans des produits à base de pommes de terre.
La raison? Un mode de fabrication différent. Comme elles sont d’abord cuites au four, elles absorbent moins de gras lors de la friture. Attention: cela ne signifie pas pour autant qu’elles sont bonnes pour la ligne. Selon l’Agence autrichienne pour la santé et la sécurité alimentaire, une personne adulte ne devrait pas consommer plus de 65 g par jour. Pour certaines chips de notre échantillon, une simple portion de 100 g en contient déjà un tiers, voire près de la moitié de la dose maximale recommandée.
Dans l’Union européenne, Lidl devrait retirer ses chips de la vente
Les chips Snack Day de Lidl ne sont pas conformes à la législation européenne. Le laboratoire y a mesuré 2,25 g/kg d’ochratoxine A, une mycotoxine cancérigène et nocive pour les reins, d’après des tests menés sur des animaux. Dans les pays de l’Union européenne, le seuil maximal est fixé à 2 g/kg depuis le début de l’année. Autrement dit, Lidl devrait rappeler son produit. En Suisse pourtant, la limite à ne pas dépasser est de 3 g/kg. Les consommateurs helvétiques sont donc moins bien protégés que leurs voisins. L’Office fédéral de la sécurité alimentaire (OSAV) assure que la réglementation européenne sera reprise, en 2024 seulement. Lidl explique n’avoir encore jamais détecté d’anomalie concernant l’ochratoxine A. L’enseigne entend discuter des résultats de notre test avec son fournisseur.