«Bio», «sans parfum», «testé dermatologiquement». Les protections menstruelles arborent toutes sortes d’allégations marketing rassurantes. Mais ces produits d’hygiène intime sont-ils vraiment exempts de substances nocives? En Suisse, les fabricants ont la possibilité, depuis un an, d’obtenir un label garantissant que leurs tampons ou serviettes ne contiennent pas de substances allergènes ni de formaldéhyde (irritant pour les muqueuses). Une fois certifiés, les produits peuvent arborer le label vert de qualité Allergie bien connu (voir ci-dessous). Un gage de qualité. Pourtant, aucune marque n’a, pour l’heure, entrepris cette démarche. «Faire connaître le label prend du temps», explique Béatrice
Zobrist, de Service Allergie Suisse. Les fabricants ne sont soumis à aucune obligation et la démarche est à leurs frais. Les grands distributeurs suisses, qui possèdent leurs marques propres, n’ont pas jugé utile de se lancer. Coop a pourtant fait certifier ses couches pour bébés, mais n’a pas prévu de le faire pour ses protections menstruelles. «Nous misons sur les avantages de Prix Garantie pour les produits d’hygiène menstruelle de nos propres marques», rétorque l’enseigne.
Quant aux produits Molfina de Migros, ils ne devraient pas non plus arborer ce label de sitôt. «En matière d’articles d’hygiène personnelle, nos fournisseurs sont soumis à des exigences de sécurité et de qualité reconnues de longue date», justifie l’enseigne qui dit n’avoir pas identifié de demande de la clientèle allant dans ce sens.
Composition pas accessible
Certains produits de marques internationales, comme les Tampax Compak, arborent déjà un label, le Oeko-Tex Standard 100. Fiable, il est moins strict en termes de nombre et de quantité de substances allergènes tolérées.
Les allégations, telles que «bio», «sans chlore», «sans parfums» ou «sans glyphosate» sont à prendre avec des pincettes. Elles ne constituent pas une garantie. La composition des protections menstruelles est rarement détaillée sur l’emballage, contrairement aux cosmétiques. Pour la simple raison que les fabricants n’en ont pas l’obligation.
Savoir exactement ce que les tampons et les serviettes contiennent reste un casse-tête, alors même que leur usage prévoit un contact direct avec des zones sensibles du corps. Sous la pression des consommatrices et des agences de santé publique européennes, des seuils de sécurité ont été fixés et les quantités de substances nocives ont été réduites, comme le montrent les tests réalisés ces dernières années.
Du glyphosate dans le «bio»
Mais les substances indésirables n’ont pas disparu. Qu’il s’agisse d’allergènes ou de molécules potentiellement toxiques (cancérogènes ou agissant comme perturbateurs endocriniens). En novembre, le magazine français 60 Millions de Consommateurs publiait un test portant sur 9 serviettes et 9 tampons, avec et sans label écologique. Résultat: 70% des échantillons étaient contaminés par une ou plusieurs substances indésirables. Les valeurs se sont révélées inférieures aux seuils considérés comme dangereux pour la santé en l’état actuel des connaissances. Celles-ci restent au demeurant lacunaires s’agissant de produits en contacts répétés avec des muqueuses.
Certains produits estampillés «coton bio» – dont des tampons de la marque Natracare – contenaient, par exemple, du glyphosate ou des traces de ce pesticide. Il faut savoir que l’allégation «bio» se réfère au coton utilisé. Mais d’autres fibres végétales contenant, elles, des pesticides, peuvent entrer dans la fabrication de la protection hygiénique.
Des traces de contaminants, comme l’AOX (dérivé de chlore utilisé pour blanchir les produits) ont été détectées dans des produits compak comfortable&clean de Tampax, notamment. Ceux-ci arborent sur leur emballage le label Oeko-Tex Standard 100, ainsi que les allégations «sans colorants, parfum et chlore». Là aussi, cela s’explique puisque le label tolère la présence de substances dans certaines limites. Pas sûr que les consommatrices, elles, aient saisi la subtilité.
Certaines protections, toutefois, ont été très bien notées. Parmi elles, on trouve notamment les tampons Siempre (regular), de Lidl.