Les denrées alimentaires coûtent cher, en Suisse. Des études indiquent que les personnes manquant de moyens financiers ont du mal à consommer suffisamment de fruits et de légumes, notamment parce qu’ils constituent des sources chères de calories, alors que les produits gras et sucrés fournissent des calories bon marché. Avoir peu d’argent ne condamne pas pour autant à la malbouffe.
Ma Santé a calculé qu’il est possible de manger équilibré en Suisse lorsqu’on peut y consacrer au moins 6.30 fr. par personne et par jour. Pour cela, il faut viser des aliments qui présentent à la fois une bonne qualité nutritionnelle et un prix attractif (QNP).
Une semaine de courses
Notre liste de courses «idéale» respecte les recommandations nutritionnelles au plus petit prix possible. Elle contient une trentaine d’aliments pour une semaine. Au menu: poisson, viande, œufs, produits laitiers, féculents, fruits et légumes et même des produits sucrés. Réduire le ticket de caisse au maximum impose d’acheter plusieurs aliments surgelés ainsi que quelques conserves (voir la fiche-conseil «La liste de courses à 6.30 fr.»).
L’essentiel de nos achats a été effectué auprès d’un hard-discounter afin d’obtenir les prix les plus bas. S’en tenir à cette somme est difficile dans la pratique, car le choix des produits et les quantités à consommer ont été optimisées par un programme informatique.
Œufs, carottes, choux...
Notre panier se base sur celui établi, en France, par Nicole Darmon, directrice de recherche à l’Institut national de recherche pour l’agriculture, l’alimentation et l’environnement (INRAE). Elle a établi une liste de produits présentant une bonne qualité nutritionnelle et un bon prix (lire encadré). Connaître ces «QNP» favorise des choix judicieux lors des courses. On y trouve par exemple la volaille et les abats, les œufs, les pommes, les carottes, les choux, les endives, les concombres, etc.
De bonnes affaires au marché
Les bons QNP ne constituent pas une solution miracle. D’une part, le nombre de produits demeure restreint. D’autre part, le contenu de la liste doit être relativisé, car les chercheurs se sont basés sur les prix moyens nationaux français pour y inclure ou en exclure les aliments.
Exemple: les poivrons n’y figurent pas en raison de leur prix moyen élevé. Des consommateurs français ont objecté qu’ils en achetaient à des prix très attractifs au marché du coin, réalisant une bonne affaire d’un point de vue QNP.
Nicole Darmon a donc complété ses recherches et établi une liste plus vaste recensant 157 aliments qui se démarquent par leur bonne qualité nutritionnelle (QN) (voir la fiche-conseil «Les 150 aliments de bonne qualité nutritionnelle.»). Ces produits constituent, dans tous les cas, des choix judicieux pour la santé. Elle a ajouté un prix «seuil» pour chaque denrée, au-dessous duquel l’achat du produit constitue, en plus, une bonne affaire pour le porte-monnaie.
On peut donc profiter de cette liste de 157 produits et on veillera à les choisir aux prix les plus doux. «Il n’y a aucun besoin d’acheter des produits de marque, glisse l’experte en nutrition et santé publique. Certaines personnes culpabilisent et pensent qu’elles sont de mauvaises mères parce qu’elles doivent acheter des produits premiers prix ou aller chez des hard-discounters. Nous nous appliquons à les déculpabiliser. Les études montrent qu’il n’existe pas de différence systématique en faveur des marques. Beaucoup de premiers prix sont fabriqués dans les mêmes usines. Acheter ces derniers, c’est plutôt un comportement malin.»
En complément à notre article, vous pouvez télécharger la fiche conseil La liste de courses à 6.30 fr. et celle des 150 aliments de bonne qualité nutritionnelle.
Cap sur les nutriments protecteurs
Pour établir une liste d’aliments présentant un bon rapport qualité nutritionnelle/prix (QNP), la spécialiste Nicole Darmon a évalué leur richesse en cinq nutriments protecteurs (score SAIN), à savoir: les protéines, le fer, les fibres, la vitamine C, le calcium.
Elle a pris en compte leur charge en trois nutriments à limiter (score LIM): le sodium, les acides gras saturés et les sucres ajoutés.
Le rapport SAIN/LIM a permis d’établir une liste de denrées présentant une bonne qualité nutritionnelle (QN). En considérant le prix aux 100 kcal, on définit les aliments présentant un bon QNP.