«En relevant le défi de passer le mois de janvier sans boire d’alcool, j’ai appris à mieux apprécier chaque verre et à diminuer ensuite ma consommation», témoigne un participant au Dry January («janvier sobre») sur un forum de discussion. «Très vite, j’ai réalisé que je dormais mieux et que j’avais davantage d’énergie pour les activités du week-end.» «L’effet a été immédiat sur mes performances sportives», renchérit une jeune femme.
De son côté, Valentin Decoppet d’Ostermundigen (BE), alterne les périodes «avec» et «sans» en fonction de sa charge de travail. «J’ai passé trois mois sans alcool pour terminer mon travail de master et j’ai vu la différence. Quand je ne bois pas, je suis plus concentré, plus efficace et moins fatigué. Je sais maintenant que, sans renoncer complètement à l’alcool, le fait d’observer une pause m’aide à gérer les périodes professionnellement intenses.»
Sur les forums de discussion, les publications des adeptes d’un mois sans alcool sont unanimes: il y a un avant, et un après. Née en Grande-Bretagne il y a une dizaine d’années, la campagne fait tache d’huile en Europe et en Amérique du Nord. En France, plusieurs villes soutiennent l’opération: Grenoble a ainsi banni les bulles alcoolisées de toutes les cérémonies pour la nouvelle année.
Pour tout le monde
«L’opération Dry January n’est pas réservée aux personnes alcoolo-dépendantes», souligne Thierry Favrod-Coune, responsable de l’Unité des dépendances aux HUG. C’est même le contraire, puisqu’en cas d’addiction sévère, le sevrage doit avoir lieu sous surveillance médicale. Toute personne curieuse de son rapport à la boisson peut ainsi tenter l’expérience.
Le médecin balaie un autre préjugé. «On a cru pendant longtemps qu’il est bon pour la santé de boire un verre de vin par jour, voire davantage. C’est faux! L’alcool n’apporte aucun bénéfice à l’organisme, au contraire.» Les risques pour la santé commencent à partir de 5 verres par semaine pour les femmes et de 10 pour les hommes. On parle de verre, ou d’unité, pour 10 g d’alcool: soit un verre de bière (2,5 dl), de vin (1 dl) ou d’alcool fort (3 cl).
Les premières études montrent clairement que, quand on termine le mois sans alcool, la consommation diminue ensuite à long terme. Elles recoupent les témoignages. A part les effets positifs sur l’organisme, les participants ont pris conscience qu’on boit souvent par réflexe, sans savoir pourquoi. En soirée, ils alternent par exemple les verres avec et sans alcool.
Sans jugement
Rien de tel que de renoncer à la boisson pour mesurer la place qu’elle prend dans la société: s’il est aujourd’hui normal de ne pas fumer, on passe pour un rabat-joie si on refuse un verre. L’opération Dry January contribue à créer un environnement où chacun peut gérer sa consommation sans être jugé pour autant. Elle montre qu’il y a d’autres manières de partager un temps entre amis. Ou de se détendre après une journée de travail.
Pour mieux résister aux remarques, on préparera ses arguments en insistant sur l’aspect personnel de l’expérience, sans porter de jugement. Prévoir aussi des boissons savoureuses (lire encadré): tout est permis pour passer un bon moment autrement.
Un défi modulable
Libre à chacun de décaler et de moduler l’expérience. En Belgique, la campagne «Tournée minérale» se cale ainsi sur le mois de février, parce qu’il est plus court et que la page du Nouvel-An est tournée. On peut aussi, comme pour les courses à pied, se fixer un défi moins ambitieux: un semi-marathon, ou deux semaines sans alcool. Ou tolérer une exception pour un anniversaire spécial: à chacun de fixer ses propres objectifs et d’en constater les effets.
Thierry Favrod-Coune conseille enfin de rejoindre un groupe sur les réseaux sociaux, de s’inscrire sur les sites dédiés (dryjanuary.ch, dryjanuary.fr ou tournee-minerale.be) et de télécharger l’application britannique Try Dry: ensemble, on est plus fort.
Claire Houriet Rime
Couleurs et saveurs dans le verre
Comment répondre à une invitation quand on sait que, à l’apéro, il n’y aura que des bulles, du vin blanc et, au mieux, de l’eau plate ou un jus d’orange oublié dans une armoire? L’idéal est de prendre les devants en réfléchissant à ce qu’on mettra dans son verre, quitte à l’apporter avec soi.
Les brasseries ont fait de grands progrès pour proposer de bonnes bières affichant un taux d’alcool plancher. Un sirop bitter transformera tonics et jus d’orange en mocktails (cocktails sans alcool) et le rayon de jus de fruits ne se limite pas aux oranges: des tomates aux abricots en passant par les baies, les kiwis, tout est permis. On trouvera de nombreuses recettes de boissons savoureuses sur tournee-minerale.be