«Mon défunt mari était nourri par sonde gastrique à sa sortie d’hôpital, où il a été très bien soigné et entouré, explique Dominique Fournier, de Chamoson (VS). Lorsqu’il est décédé, il restait, à notre domicile, 79 flacons de 500 ml de produits de nutrition par sonde, dont 72 flacons dans six grands cartons fermés. Ces produits étaient encore valables au moins six mois.» Notre lectrice déplore qu’AxelCare, l’entreprise livreuse, les ait détruits après être venue les reprendre. «Ne pouvait-on pas les faire suivre dans un hôpital, un EMS ou ailleurs?», s’indigne-t-elle.
Même règle que pour les médicaments
Ces produits appartiennent au domaine de la nutrition clinique. «Ce ne sont pas des médicaments, mais ils doivent être stockés de la même manière», répond Sébastien Zbinden, directeur d’AxelCare. Sa société s’aligne sur les «Règles de bonnes pratiques de remise des médicaments» émises par l’Association des pharmaciens cantonaux. «Ainsi, lorsque nous perdons le contrôle du stockage d’un produit, nous ne le remettons pas à d’autres patients.»
Cette politique est conforme aux bonnes pratiques des pharmaciens pour les médicaments. «Leur reprise ne peut se faire que si on a la garantie de l’intégrité des produits et que les conditions de stockage ont été garanties, explique Marie-Christine Grouzmann, pharmacienne cantonale vaudoise. De plus, la responsabilité du pharmacien est engagée. Dans les faits, il est donc rare que la reprise de médicaments non utilisés soit possible.»
Un stock lié aux assurances
L’autre élément qui interpelle, dans le cas de notre lectrice valaisanne, est la quantité du stock inutilisé: pas moins de six gros cartons non ouverts! «Ce volume s’explique par les forfaits de remboursement des assureurs maladie, qui n’incitent à faire, généralement, qu’une seule livraison par mois», justifie Sébastien Zbinden. Une situation que Dominique Fournier regrette: «Les assurances dictent leur façon de faire et personne ne bouge vraiment pour faire changer les choses.»
La réduction du risque sanitaire induit une forme de gaspillage, concède Sébastien Zbinden. Le directeur d’AxelCare assure n’avoir jamais reçu de demandes de la part d’associations caritatives éventuellement intéressées par les produits de nutrition récupérés et affirme avoir cherché des alternatives à leur destruction pure et simple. Dans l’alimentation animale, par exemple. Or, le format des bouteilles aurait été rédhibitoire: trop de petits contenants à ouvrir et de perte de temps. Ce gaspillage n’est donc pas prêt de s’arrêter.
Sébastien Sautebin