Les vaccins anti-covid peuvent avoir des effets secondaires semblables à ceux du vaccin contre la grippe, à savoir, dans la plupart des cas, des maux de tête ou musculaires. Mais ce n’est pas tout. Les deux vaccins actuellement autorisés en Suisse, Pfizer/Biontech et Moderna, sont particulièrement scrutés pour les réactions allergiques qu’ils peuvent potentiellement déclencher. Le 8 mars, Swissmedic rapportait 11 cas de choc anaphylactique et 11 autres cas d’hypersensibilité après l’administration d’un vaccin anti-covid. Alors de quoi faut-il tenir compte si l’on a des allergies? Réponses du Prof. Blaise Genton, médecin-chef de la Policlinique Voyages et Vaccination à Unisanté, le Centre universitaire de médecine générale et santé publique à Lausanne.
Pourquoi les vaccins représentent-ils un risque d’allergie?
Cela est dû à leurs composants. Dans le cas des vaccins anti-covid, le problème vient des nanoparticules lipidiques qui enveloppent les chaînes d’acides nucléiques, le fameux ARN messager. Sans ces particules, l’ARNm se dissoudrait instantanément dans le corps du patient, sans atteindre les cellules.
Le problème est-il le même pour tous les vaccins anti-covid?
Cela concerne les vaccins de Pfizer/Biontech et Moderna, qui ont des composants très similaires. Le vaccin d’AstraZeneca pourrait aussi être concerné, mais on n’a pas encore suffisamment de données pour le dire.
Donc le problème n’est pas lié à la technologie de l’ARN messager?
Non.
Le vaccin d’AstraZeneca a été suspendu dans plusieurs pays européens à la suite de plusieurs thromboses. Est-ce un risque supplémentaire pour les personnes allergiques?
Non, cela n’est pas lié à une allergie. Pour l’instant, le lien entre les thromboses constatées et le vaccin n’est pas établi. Selon les statistiques, l’incidence de thromboses n’est pas plus élevées chez les vaccinés que les non-vaccinés. Des recherches supplémentaires sont nécessaires.
Quels sont les risques concrets pour les personnes allergiques?
L’effet le plus dangereux est le choc anaphylactique. Il s’agit d’une réaction très forte, qui se produit très peu de temps après le contact avec la substance allergisante et qui peut s’avérer fatale. Heureusement, il est très facile de le traiter. Le patient se remet généralement dans les deux heures.
Nous avons aussi observé un phénomène d’hypersensibilité sous forme de plaques rouges près de l’endroit de l’injection. Mais celles-ci sont bénignes.
Les patients souffrant d’allergie peuvent-ils tout de même se faire vacciner?
Sachant qu’il y a plus de risques de faire un covid sévère que d’avoir un choc anaphylactique, les cas de contre-indication totale sont extrêmement rares. Dans le cas où un patient a souffert d’une allergie documentée à un des composants du vaccin (polyéthylène glycol, polysorbate, trométhamine), l’avis d’un allergologue est requis. Les patients qui ont déjà fait des réactions allergiques graves à un médicament ou un vaccin sans que l’on sache à cause de quel composant, sont renvoyés à leur médecin traitant. Il s’agira de déterminer si ces médicaments contenaient les mêmes substances que les vaccins anti-covid. Ensuite, on peut vacciner avec prudence. La dose peut même être réduite dans un premier temps puis complétée après. Et le temps de surveillance est augmenté à 30 minutes.
Les personnes souffrant d’allergies alimentaires ou de rhume des foins sont-elles aussi concernées?
Non. Mais il peut arriver que l’on soit allergique à l’un des composants du vaccin sans le savoir. C’est pour cela que toutes les personnes qui se font vacciner restent systématiquement en observation pendant 15 minutes après la première dose. Si aucune réaction négative n’est constatée, l’observation est réduite à 5 minutes lors de la seconde dose.
Sandra Porchet