Dans le schéma politique suisse, comme dans toutes les démocraties riches et modernes, la défense des travailleurs et le rejet des arrangements politiques opaques sont traditionnellement les combats des partis de gauche, socialistes en tête, avec l’appui des syndicats.
Eh bien, détrompez-vous! Les étonnantes discussions dans les coulisses de l’initiative «En faveur du service public», lancée par les magazines d’information et de défense des consommateurs des trois régions linguistiques, dont Bon à Savoir, le confirment: les têtes pensantes de la gauche et des syndicats se livrent au même jeu que ceux qu’ils avaient pour vocation de critiquer.
Si leurs plus illustres représentants admettent les problèmes à l’origine du texte de l’initiative, soumis au peuple ce 5 juin prochain, ils ne veulent cependant rien entendre des solutions proposées. Pire, ils combattent le texte avec une férocité suspecte, en font des interprétations fallacieuses et ne livrent aucune contre-proposition valable.
C’est dans les coulisses que les langues se délient, que le malaise se dévoile. La gauche serait-elle en train de se disloquer? D’un côté, les élites, de l’autre, la base… Un seul exemple suffira à le démontrer: lors d’un débat, l’auteure de ces lignes et membre du comité d’initiative, est interpellée par un adhérent de Syndicom, syndicat des médias et de la communication. Il ne se reconnaît plus, dit-il, dans les propos de son président Alain Carrupt, qu’il considère plus proche des positions d’economiesuisse, représentant pourtant les intérêts de l’économie.
Cette situation paradoxale interpelle… Pourquoi? La réponse viendra une semaine plus tard, à la lecture du rapport annuel de Swisscom où l’on apprend que le même Alain Carrupt quittera ses fonctions à la tête de Syndicom pour entrer au conseil d’administration de Swisscom.
Voilà pourquoi la base ne se reconnaît plus dans ses dirigeants. Ces derniers se livrent, comme l’ensemble de l’establishment politique, à une pesée d’intérêts quitte à ne plus rester fidèles à eux-mêmes, à leurs valeurs… et aux promesses qu’ils continuent pourtant de faire publiquement.
Voilà aussi pourquoi le service public est aujourd’hui défendu par les milieux non partisans, par ceux qui sont à l’écoute des consommateurs, à la fois citoyens et, pour beaucoup, employés d’un système qui, tout doucement, part à la dérive…
Zeynep Ersan Berdoz
Pour en savoir plus et comprendre les arguments, consultez le site proservicepublic.ch ou composez le 021 310 01 36.