Valérie Mino est fâchée contre La Poste. En décembre dernier, le mari de cette lectrice genevoise a commandé à son intention un collier mala tibétain sur un site allemand spécialisé. Le bijou comporte traditionnellement 108 perles ou grains, comme un chapelet de prière bouddhiste. Envoyé par courrier recommandé, le modèle choisi est en pierres semi-précieuses et coûte 287 Ä avec les frais d’envoi.
Le couple part passer Noël dans sa résidence secondaire à Zermatt où le cadeau doit être livré. Les Fêtes passent, mais le colis n’arrive pas. Nos lecteurs s’enquièrent auprès de la vendeuse qui assure avoir bien envoyé le collier à la mi-décembre. Ils finissent par rentrer bredouilles à Genève de leurs vacances.
A la mi-janvier, toujours rien. Valérie Mino dépose alors une réclamation à La Poste de Zermatt qui fait une recherche. Résultat: le paquet a bien été livré le 31 décembre, mais à une fausse adresse! Il a été réceptionné par une autre personne domiciliée au Moosweg, alors que la résidence de nos lecteurs est située à la Moostrasse. «Le comble, c’est que nous somme restés chez nous le 31», relève la vacancière. Comment expliquer par ailleurs que le facteur ait remis le recommandé au premier venu, sans vérifier son identité? Et que le mystérieux récepteur ait, soi-disant, déposé le colis sur les boîtes aux lettres chez lui, plutôt que de l’apporter à la bonne adresse?»
Mais l’aventure ne fait que commencer. Selon les accords internationaux régis par l’Union postale universelle, quand un colis est perdu, La Poste ne dédommage pas le destinataire, mais les services postaux du pays d’envoi. Le centre d’aide à la clientèle présente ses plus plates excuses à notre lectrice et lui enjoint, par conséquent, de se faire rembourser par la vendeuse. Celle-ci devra, à son tour, se retourner vers les services postaux allemands pour récupérer son dû. Notre lectrice ne pipant pas un mot d’allemand, La Poste a finalement assumé son erreur et a approché elle-même l’expéditeur du collier pour lui expliquer la procédure à suivre.
Valérie Mino a ainsi appris, peu avant Pâques, qu’elle serait remboursée. Et n’ose pas penser à ce qui se serait passé si son mari avait commandé le collier au Tibet!
Commentaire
Les dirigeants de la gauche et des syndicats seraient-ils infidèles à eux-mêmes?
Dans le schéma politique suisse, comme dans toutes les démocraties riches et modernes, la défense des travailleurs et le rejet des arrangements politiques opaques sont traditionnellement les combats des partis de gauche, socialistes en tête, avec l’appui des syndicats.
Eh bien, détrompez-vous! Les étonnantes discussions dans les coulisses de l’initiative «En faveur du service public», lancée par les magazines d’information et de défense des consommateurs des trois régions linguistiques, dont Bon à Savoir, le confirment: les têtes pensantes de la gauche et des syndicats se livrent au même jeu que ceux qu’ils avaient pour vocation de critiquer.
Si leurs plus illustres représentants admettent les problèmes à l’origine du texte de l’initiative, soumis au peuple ce 5 juin prochain, ils ne veulent cependant rien entendre des solutions proposées. Pire, ils combattent le texte avec une férocité suspecte, en font des interprétations fallacieuses et ne livrent aucune contre-proposition valable.
C’est dans les coulisses que les langues se délient, que le malaise se dévoile. La gauche serait-elle en train de se disloquer? D’un côté, les élites, de l’autre, la base… Un seul exemple suffira à le démontrer: lors d’un débat, l’auteure de ces lignes et membre du comité d’initiative, est interpellée par un adhérent de Syndicom, syndicat des médias et de la communication. Il ne se reconnaît plus, dit-il, dans les propos de son président Alain Carrupt, qu’il considère plus proche des positions d’economiesuisse, représentant pourtant les intérêts de l’économie.
Cette situation paradoxale interpelle… Pourquoi? La réponse viendra une semaine plus tard, à la lecture du rapport annuel de Swisscom où l’on apprend que le même Alain Carrupt quittera ses fonctions à la tête de Syndicom pour entrer au conseil d’administration de Swisscom.
Voilà pourquoi la base ne se reconnaît plus dans ses dirigeants. Ces derniers se livrent, comme l’ensemble de l’establishment politique, à une pesée d’intérêts quitte à ne plus rester fidèles à eux-mêmes, à leurs valeurs… et aux promesses qu’ils continuent pourtant de faire publiquement.
Voilà aussi pourquoi le service public est aujourd’hui défendu par les milieux non partisans, par ceux qui sont à l’écoute des consommateurs, à la fois citoyens et, pour beaucoup, employés d’un système qui, tout doucement, part à la dérive…
Zeynep Ersan Berdoz
Pour en savoir plus et comprendre les arguments, consultez le site proservicepublic.ch ou composez le 021 310 01 36.
La Poste fait sa pub
Sur chaque quittance remise au guichet postal pour l’envoi d’un paquet ou l’achat d’un timbre, le géant jaune y va de sa promotion. Des cartes cadeau iTunes aux billets de spectacle, il y en a pour tous les goûts. Quitter le bureau sans avoir craqué pour le dernier James Bond ou signé une police d’assurance-vie devient ainsi un acte d’héroïsme. «La Poste, a martelé le président du conseil d’administration Peter Hasler, lors de la conférence de bilan de l’entreprise, n’a pas pour mission d’offrir des lieux de rencontre dans les endroits reculés.» Traduction: pour le géant jaune, tout est bon pour faire du chiffre, et tant pis pour le service public.
Tandem interdit dans les trains
Mauvaise nouvelle pour les amoureux: ils ne peuvent désormais plus embarquer un tandem à bord des trains directs CFF. Le seul moyen de transporter un vélo mesurant plus de 2 mètres est de l’envoyer, l’avant-veille déjà, comme bagage accompagné au prix de 36 fr., soit le double d’une bicyclette normale. Autre solution: prendre un train régional où vélos couchés et tandems peuvent encore être chargés par les voyageurs. Il faut compter ici aussi le double d’un billet normal, soit 36 fr. au total pour une carte journalière (24 fr. avec le demi-tarif). Les bricoleurs, quant à eux, démonteront leur bécane: transportée dans deux sacs séparés, elle voyagera gratuitement dans tous les trains.
Au guichet
A peine La Poste a-t-elle restreint son assortiment de produits annexes dans ses offices qu’elle sous-loue désormais des surfaces réservées à la promotion. Un endroit «idéal pour rencontrer un grand nombre de clients potentiels dans une atmosphère protégée et détendue», comme le souligne son site, ça n’a pas de prix, surtout si ces clients ont «un peu de temps». Dans les grandes agglomérations, on ne pourra donc plus attendre que le guichet se libère sans se voir proposer d’adhérer à quelque bonne cause. Faire attendre ses clients et en tirer profit, il fallait y penser.
La correspondance n’attend plus
«Est-il normal de payer un abonnement général dont le prix augmente sans cesse pour voyager debout entre Bienne et Porrentruy?» se demande Frédéric Jobé. «Sans parler des retards fréquents. Le 14 janvier, le train de Porrentruy est arrivé à Delémont à 7 heures 42 au lieu de 7 heures 36, au moment où partait ma correspondance pour Bienne: le train n’a pas attendu et j’ai dû patienter une demi-heure!» «Dans un réseau ferroviaire aussi dense que celui des CFF, tout retard a des incidences en cascade, répond la porte-parole de l’entreprise, Donatella Del Vecchio. Les trains ne pouvant plus rattraper leur retard, le délai d’attente varie désormais entre 0 et 3 minutes selon les gares.» Et tant pis pour ceux qui restent à quai dans le froid.
Les CFF se distinguent
En moins de deux semaines, les CFF se seraient passés d’être dans l’actualité. Le 29 février, on apprenait que les données collectées lors du scan des Swiss Pass étaient conservées 90 jours. Sauf que cela ne reposait sur aucune base légale a tranché Jean-Philippe Walter, Préposé fédéral à la protection des données et à la transparence par intérim. Le 11 mars, à l’achat de tout AG, les CFF offraient une carte journalière gratuite pour un accompagnant. Or, ces 36 000 bons envoyés dans toute la Suisse étaient périmés d’une semaine à leur réception.