Leur réveil trop tardif avait été sanctionné par l’explosion du tourisme d’achat. C’était en 2011, lors de la première flambée du franc suisse face à l’euro. Les distributeurs ont soigné leur autisme depuis, pour ne pas réitérer les mêmes erreurs. Cette année, ils ont inondé les espaces publicitaires d’annonces pour vanter tous azimuts les baisses de prix consenties. Mais cette générosité dans la communication se traduit par une réalité nettement plus pingre.
De 3,5% à 6,5% de baisse
Ce constat découle des relevés hebdomadaires que nous effectuons, depuis la mi-janvier, chez les six principaux distributeurs. Sur une sélection similaire de vingt produits importés – en majorité alimentaires –, l’évolution des prix n’a pas été renversante (voir graphique). C’est chez Migros que le panier a le plus chuté (–6,5%) et Manor que la répercussion du taux de change a été la plus timide (–3,5%).
En comparant les six courbes, on constate que les enseignes n’ont pas fait preuve de la même réactivité. Paradoxalement, c’est Manor qui a bougé le plus rapidement, alors que Migros et Denner ont mis du temps avant de se réveiller. On peut s’étonner aussi que, parfois, la courbe de certains distributeurs reparte ponctuellement à la hausse, d’autant que nous n’avons pas tenu compte des actions, mais des baisses durables uniquement. Ces oscillations sont liées à l’instabilité du prix des quelques fruits et légumes glissés dans notre panier.
Jungle dans l’affichage
Dans les succursales que nous avons arpentées, l’affichage est lui aussi très instructif. Les hard-discounters indiquent systématiquement les diminutions de prix dans les rayons. C’est tout l’inverse du magasin Migros que nous suivons: la communication y est si chiche qu’on ne s’aperçoit pas souvent des baisses consenties. De son côté, Coop embrouille le consommateur avec ses étiquettes «Pour des prix discount» qui correspondent parfois à des diminutions, mais le plus souvent à rien!
Dans les prochains mois, nous allons continuer de surveiller de près la manière dont les distributeurs répercutent le taux de change sur les produits importés. En espérant qu’ils consacreront plus d’efforts à mettre en place des mesures concrètes que dans leur seule communication.
Yves-Noël Grin / réd
Euro / Franc
Trop, c’est trop!
Voici quelques écarts de prix €/fr. spectaculaires relevés par nos lecteurs. N’hésitez pas à nous transmettre, vous aussi, les exemples marquants*.
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