Près d’un mois après l’annonce fracassante de la Banque nationale suisse d’abolir le cours plancher (1€ = 1.20 fr.), les distributeurs et les discounters ont-ils répercuté la baisse de l’euro sur le prix des marchandises importées? L’ont-ils fait entièrement? Ou tentent-ils, au contraire, de conserver les gains de change pour augmenter encore un peu plus leur marge?
A grand renfort de publicité, les enseignes ont très vite annoncé des baisses de prix. Preuve qu’elles ont bien retenu la leçon d’avant l’arrimage du franc à l’euro, dictée par la pression des consommateurs et de leurs représentants, dont Bon à Savoir en Suisse romande.
Fruits, légumes, produits laitiers
Plusieurs centaines d’articles auraient ainsi été adaptés au nouveau taux de change. En particulier celui des fruits, des légumes et des produits laitiers. Soit! Mais, concrètement, le prix des fruits et des légumes est impossible à comparer. Ils changent, en effet, chaque semaine, voire tous les jours, notamment en raison des provenances ou des récoltes. Les baisses annoncées ne sont donc pas valablement vérifiables.
S’agissant des produits laitiers, Coop indique avoir réduit le prix du fromage à tartiner Cantadou Aïl et Fines herbes de 8,5%. C’est bien, mais les autres articles de la même marque ne l’ont été que de 4%... Toujours chez Coop, si les prix de la mozzarella, de la ricotta et du gorgonzola de Galbani ont été corrigés à la baisse, ceux du parmesan et du mascarpone, de Galbani toujours, n’ont pas bougé!
Chez Migros, la baisse la plus marquée atteint 16,7% pour la pizza Finizza Prosciutto & Funghi, alors que l’enseigne annonce des réductions allant jusqu’à 30%. Interpellée sur ce point, sa porte-parole garde le silence.
Pression sur les fabricants
Pour les autres groupes de produits, les distributeurs disent être en négociation avec leurs fournisseurs et les fabricants afin de «faire profiter les clients de la totalité des économies réalisées grâce à la baisse du cours de change».
Nous avons donc interpellé, le 29 janvier dernier, Coop, Migros, Manor, Denner, Aldi et Lidl sur les résultats de leurs démarches. Aucun n’a ouvertement répondu, prétextant la confidentialité des échanges. Seul Denner a souligné que «depuis des années, les multinationales, en particulier, refusent de répercuter leurs propres gains de change», sans toutefois livrer de noms…
Nous avons donc posé la question à quatre grandes marques. Procter & Gamble et L’Oréal ont refusé de s’exprimer, tout comme Beiersdorf, le fabricant de Nivea. Seul Ferrero Suisse a annoncé un ajustement.
Marges confortables
Face au silence des uns et des autres, nous avons mis en lumière, avec nos confrères du magazine alémanique saldo, la confortable marge réalisée par Migros sur trois produits cosmétiques. Au début de l’année, soit avant même l’abandon du taux plancher, la marge du géant orange allait de 83% à 93% pour les trois cosmétiques dont nous avons pu obtenir le prix d’achat du distributeur (voir tableau). Interpellée sur ces trois exemples, Monica Glisenti, porte-parole, conteste l’importance des marges en comparaison de celles des autres distributeurs...
A suivre
Ce dossier de l’adaptation des prix ne fait que commencer et relance inévitablement le débat – extrêmement délicat – du tourisme d’achat.
Toute l’équipe de Bon à Savoir suit de près cette évolution. Elle ne manquera pas de vous informer et de maintenir également la pression sur l’ensemble des acteurs de la branche.
De votre côté, n’hésitez pas à nous transmettre les exemples marquants (tickets et/ou photos à l’appui) que vous observez au quotidien lors de vos courses dans les commerces ou en ligne (à transmettre par courriel à [email protected] ou par courrier à Bon à Savoir, avenue de la Rasude 2, CP 150, 1001 Lausanne).
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Zeynep Ersan Berdoz / réd.
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