Visiblement, aucun parti politique ne semble se soucier du prix astronomique payé par les consommateurs pour les appels faits à l’étranger (roaming). C’est la conclusion qu’on peut donner à la consultation sur la modification de la Loi sur les télécommunications, dans laquelle le Conseil fédéral suggérait notamment de plafonner les frais d’itinérance. Une proposition qui n’a trouvé l’oreille attentive d’aucun parti, décidément bien peu à l’écoute du peuple.
Faut-il rappeler, en effet, que près de 55 000 consommateurs ont signé la pétition déposée par Bon à Savoir et son pendant alémanique K-Tipp à Berne en 2009? Or, depuis, comme les baisses consenties se font au compte-gouttes, les usagers de la téléphonie mobile ont payé quelque 3,7 milliards de francs en trop par rapport aux tarifs de l’UE, rien que pour les appels passés depuis l’étranger. Et le compteur va tourner de plus en plus vite, puisque l’Europe a non seulement régulièrement diminué ses tarifs, mais va les supprimer définitivement l’an prochain. Une suppression dont les clients des opérateurs allemands Vodafone et Deutsche Telekom profitent d’ores et déjà depuis mardi dernier (19 avril 2016).
Chez nous, comme d’habitude, rien de tout ça! Swisscom s’est fendu d’un rapport de 13 pages pour expliquer qu’une réglementation des frais d’itinérances était «inutile», en se plaignant que l’érosion des prix dans ce domaine a été de l’ordre de 100 millions en 2015. Une goutte d'eau en regard de ses bénéfices (1,362 milliard en 2015).
Mais les opérateurs peuvent visiblement compter sur l’appui des partis politiques. L’UDC compare, en effet, la proposition de plafonnement à du «dirigisme étatique». Le PDC estime que le marché a suffisamment réagi de lui-même, preuve en sont les baisses accordées. Un avis partagé par les socialistes.
La balle est donc à nouveau dans les mains du Conseil fédéral, qui doit présenter un projet de loi au Parlement. Cela ne se fera «probablement pas avant la session d’hiver», souligne Marie-Josée Portmann, porte-parole de la Chancellerie fédérale.
D’ici là, le compteur va continuer de tourner pour les consommateurs, sans que – visiblement – cela dérange leurs représentants politiques. Exactement comme il ne s’est trouvé aucun d’entre eux pour soutenir l’initiative Pro Service Public, alors que le premier sondage publié ce matin par 20 Minutes, 24 Heures, la Tribune de Genève et les autres titres du groupe Tamedia, montre qu’elle serait, aujourd’hui, approuvée par 58% des citoyens!
Christian Chevrolet / Beni Frenkel