On avait tout fait pour l'oublier le temps d'un été, ce virus, comme si ce n'était qu'un mauvais film. Aussi tenace qu'une série télévisée, le voilà de retour pour une deuxième saison. Nous connaissons désormais tous un proche, un collègue ou un voisin qui a été malade ou mis en quarantaine.
Le Covid-19 est de toutes les conversations. On croule sous les informations et les conseils mais le flou persiste: que faire si on a mal à la tête, combien de temps est-on immunisé si on a eu le virus? Où trouver des informations fiables* pour adopter un comportement adéquat?
Voici un état des connaissances face à la recrudescence de l'épidémie.
1. Que faire si je tousse?
En présence d’un des symptômes typiques du Covid-19 (toux sèche, maux de gorge, insuffisance respiratoire, fièvre, perte soudaine de l’odorat et/ou du goût), la première chose à faire est de répondre à un CoronaCheck. Cet outil d’auto-évaluation mis en ligne par les cantons sert à déterminer la nécessité de faire le test. Le questionnaire, simple à remplir, indique la marche à suivre selon les symptômes, l’âge du patient et le fait qu’il ait été, ou pas, en contact avec une personne testée positive.
Selon les résultats, on sera ensuite dirigé vers un site, un cabinet médical ou une pharmacie pour faire le test. En attendant le verdict, il faut rester à la maison et limiter les contacts.
Les symptômes diffus (maux de tête, faiblesse générale, douleurs musculaires, troubles gastriques) ne justifient pas systématiquement le test, sauf si on a côtoyé de près un cas positif confirmé.
Au moment de mettre sous presse, le canton de Neuchâtel a renoncé aux tests systématiques pour les personnes non-vulnérables.
2. Que se passe-t-il si le test est positif?
Il faut impérativement s’isoler et éviter tout contact, en faisant si possible chambre à part et en désinfectant tout ce qu’on touche (poignées de porte, robinets, chasse d’eau). Aider ensuite les autorités à retracer les personnes côtoyées qui devront éventuellement se placer en quarantaine. Les utilisateurs de l’application SwissCovid demanderont un code pour avertir anonymement les autres utilisateurs si nécessaire. Attention: dans la plupart des cantons, les cellules de traçage sont débordées.
La durée de l’isolement est normalement de dix jours, mais il faut attendre 48 heures après la disparition des symptômes (sauf pour la perte de goût et/ou d’odorat) pour reprendre une vie normale.
3. Superhéros pour toujours?
En principe, les personnes qui ont contracté le virus sont immunisées pour 3 mois environ. Pendant ce temps, elles ne peuvent pas l’attraper ni le transmettre, mais doivent continuer à porter le masque et à respecter les gestes barrière. Elles se laveront régulièrement les mains pour éviter de transporter le virus.
Selon une étude récente réalisée entre les mois de juin et septembre sur plus de 365 000 patients par le Imperial College de Londres, le nombre d’anticorps diminue massivement après quelques semaines seulement. Les auteurs insistent sur l’importance de continuer à respecter les gestes barrière, car rien ne permet encore d’affirmer que les personnes positives soient immunisées sur la durée.
4. Un enfant enrhumé peut-il aller à l’école?
L’Office fédéral de la santé publique est maintenant catégorique: avant l’âge de 12 ans, on développe peu les symptômes du virus et on le transmet rarement. Si l’enfant n’a pas été en contact avec une personne positive, si les symptômes ne sont pas graves (rhume, toux légère), il peut aller à la crèche ou à l'école. En présence de forte fièvre et de grosses quintes, il restera à la maison et ce, 24 heures encore après la disparition des symptômes.
On consultera également un médecin avec les plus grands lors d’une perte d’odorat et/ou du goût, de troubles gastriques, de douleurs articulaires ou péjoration de l’état général. Quant aux enfants présentant des symptômes du Covid-19 après un contact étroit avec une personne testée positive, ils resteront à la maison et passeront un test après concertation avec le pédiatre.
Pour les tout-petits (moins de 5 ans), on s’adressera au pédiatre comme d'habitude en présence de toux tenace ou de forte fièvre.
5. Combien de temps est-on contagieux?
La «période d’incubation» entre l’infection et l’apparition des premiers symptômes, est généralement de 5 jours, mais elle peut s’étendre jusqu’à 14 jours. Il y a risque de contagion:
⇨ deux jours avant l’apparition des symptômes, soit avant même de remarquer l’infection;
⇨ pendant la maladie (c’est là que le risque de contagion est le plus grand);
⇨ au moins 48 heures après la disparition des troubles, sauf pour la perte de l’odorat et du goût.
Si on a côtoyé quelqu’un de près et qu’il est testé positif le lendemain, il faudra donc compter quelques jours pour que le virus se développe.
6. Comment le virus se transmet-il?
La contamination a lieu lors de contacts étroits et prolongés avec une personne infectée, sans protection (masques ou paroi de séparation) à moins de 1,5 mètre. Le risque augmente avec la durée.
Quand on tousse, qu’on éternue, qu’on chante ou qu’on parle, on projette des gouttelettes qui peuvent atteindre directement les muqueuses du nez, de la bouche ou des yeux. Ces aérosols se retrouvent fréquemment sur les mains, mais aussi sur les objets… qui risquent de contaminer ensuite ceux qui les touchent, puisqu’on ne connaît pas la durée de vie exacte du virus sur les surfaces.
Le mot d’ordre est connu: se laver ou désinfecter régulièrement les mains, tousser et éternuer dans le creux du coude, éviter les embrassades et les poignées de main. Le port du masque ne dispense pas des gestes barrière mais limite la contamination quand la distance ne peut pas être respectée. Il est aussi important également d’aérer régulièrement pour évacuer les aérosols (lire p.27).
7. Combien coûte le test?
Le prix du dépistage (156 fr. pour le test PCR ou 57.50 fr. pour le test rapide) est pris en charge par la Confédération s’il a été prescrit par un médecin ou parce qu’il répond aux critères de l’évaluation en ligne. Si une consultation approfondie est nécessaire, par exemple en cas de troubles respiratoires, elle est prise en charge par l’assurance maladie et soumise à la participation du patient (franchise et quote-part).
Les voyageurs qui se font tester de leur propre initiative pour montrer patte blanche à l’étranger devront en revanche régler eux-mêmes la note.
8. Faut-il se faire vacciner contre la grippe?
Cette précaution s’impose surtout pour les personnes à risque, soit: celles qui ont plus de 65 ans, les femmes enceintes, les malades chroniques, les nourrissons et les prématurés jusqu’à l’âge de deux ans, ainsi que le personnel soignant ou les proches régulièrement en contact avec des cas vulnérables.
A noter qu’il faut parfois attendre l’arrivée de nouvelles doses attendues pour la fin novembre pour se faire vacciner.
9. Comment lire les taux relatifs au virus?
Plusieurs chiffres servent à mesurer l’évolution de la pandémie.
Le taux de positivité désigne la proportion de patients atteints du Covid-19 sur le total des tests effectués. Le taux de transmission ou de reproduction indique le nombre de personnes infectées par chaque cas positif. Quant aux taux d’incidence, il permet de comparer la situation entre plusieurs pays ou régions: c’est la moyenne des nouvelles infections pour 100 000 habitants sur 7 ou 14 jours. Depuis le 29 octobre, une quarantaine est imposée au retour des pays ou régions quand ce chiffre dépasse de 60 celui de la Suisse.
10. Où trouver de l’aide si on déprime?
Difficile de garder le moral quand les activités et les contacts sociaux se raréfient. Pour surmonter la solitude et l’angoisse, il est important de maintenir les liens avec ses proches, par téléphone, en ligne, ou en faisant une promenade à l’extérieur.
Si ce n’est pas possible, on peut appeler gratuitement La Main Tendue au 143 et ce, nuit et jour. Le site santepsy.ch donne aussi des conseils pour aider à surmonter l'isolement ou la quarantaine.
11. Que faire si un proche est positif?
Si on a côtoyé une personne testée positive, on peut devenir contagieux sans s’en apercevoir. Dans ce cas, trois règles de base s’imposent.
⇨ Respecter scrupuleusement les règles d'hygiène (hygiène des mains, distance sanitaire, aération régulière, port du masque);
⇨ Observer attentivement son état de santé;
⇨ Continuer à travailler, si possible depuis chez soi.
Si des symptômes de la maladie apparaissent, on restera à la maison et on fera l’auto-évaluation en ligne. Seules les personnes qui ont été en contact étroit avec un malade doivent se mettre en quarantaine, selon les consignes des autorités cantonales.
12. Isolement ou quarantaine, quelle différence?
L’isolement est imposé aux malades testés positifs et qui doivent suivre les directives du médecin cantonal. Il implique de rester à la maison et d’éviter tout contact avec autrui.
Les personnes en quarantaine ne sont pas (encore) testées positives. Elles doivent toutefois rester chez elles, soit parce qu’elles attendent le résultat du test, soit parce qu’elles ont été en contact étroit avec une personne infectée, soit parce qu’elles rentrent d’un pays classé zone à risque.
Ces consignes ne doivent pas être prises à la légère: des contrôles sont effectués et les dérogations sont sanctionnées par des amendes pouvant aller jusqu’à 1500 fr.
Attention: si un test fait au début de la quarantaine est négatif, il faut quand même attendre dix jours pour ressortir. Le virus peut en effet se développer après plusieurs jours.
Si on a des symptômes et qu’on a été testé négatif, on attendra d'être guéri pour ressortir.
Claire Houriet Rime