Dans la mythologie grecque, le nectar assurait aux dieux de l’Olympe leur immortalité. Aujourd’hui, les «nectars de fruits» garnissent les étagères des grandes surfaces. Et si, dans l’esprit de nombreux consommateurs, ce mot évoque toujours une boisson de qualité supérieure, la réalité n’est pas aussi enchanteresse.
Selon l’Ordonnance du DFI sur les boissons sans alcool, un nectar de fruits n’est rien d’autre qu’«une boisson non fermentée, mais fermentescible, obtenue à partir de jus de fruits, de jus de fruits concentrés, de purée de fruits, de purée de fruits concentrés, ou d’un mélange de ces produits, diluée dans de l’eau potable et additionnée de sucres». En clair: un simple jus de fruits dilué et sucré, parfois de manière importante. L’addition de sucre peut représenter jusqu’à 20% de la masse du produit fini, soit 200 g pour un litre. La dilution peut aussi être impressionnante: selon la sorte de fruits utilisés, la teneur en jus peut, en toute légalité, descendre jusqu’à 25% du produit fini. C’est le cas pour les fruits de la passion, par exemple. Un nectar d’abricot doit, par contre, contenir au moins 40% de jus d’abricot.
Définition plus alléchante
La définition fédérale du jus de fruit est un peu plus alléchante que celle du nectar. Il s’agit d’un «jus non fermenté, mais fermentescible, obtenu à partir de fruits sains et mûrs, frais ou conservés par le froid, qui présente la couleur, l’arôme et la saveur caractéristiques des fruits dont il provient». Il peut toutefois aussi être obtenu à partir de jus concentré, c’est-à-dire de jus de fruits dont on a retiré une partie de l’eau.
Un jus de fruit peut-il être dilué? Oui, à condition qu’il soit expressément vendu comme tel. On trouve ainsi de nombreux «jus de pomme dilués» dans les rayons des magasins. Ils doivent alors contenir au moins 50% de jus.
Et le sucre dans tout cela? Son adjonction est admise s’il s’agit de corriger un manque naturel en sucres et/ou d’obtenir un goût sucré. Pour les citrons, limettes, bergamotes, groseilles rouges ou blanches, il peut atteindre jusqu’à 200 g par litre! Elle est, par contre, interdite dans les jus de poire ou de raisin.
Sirops et smoothies
Les «sirops de fruits» doivent avoir une teneur en jus de fruits d’au moins 30%. Cette proportion tombe à 10% pour les boissons de table dites «à base de jus de fruits», obtenues par dilution de jus de fruits, de concentré ou de sirop de fruits dans de l’eau potable ou de l’eau minérale naturelle, avec addition éventuelle de sucre. Et si la proportion de jus de fruits dans une boisson est égale ou supérieure à 4%, la mention de la teneur est admise, par exemple «limonade avec 4% de jus d’orange».
Les smoothies constituent un cas particulier. L’utilisation de ce terme n’est pas réglée explicitement par la loi. Selon Migros, il désigne de manière générique une boisson «d’une consistance plus onctueuse». Pour savoir si l’on a affaire à un jus de fruits, un nectar ou autre chose, Coop conseille de lire attentivement l’étiquette du produit. A titre d’exemple, l’un d’eux indique: «Jus de fruits mélangés à partir de concentré et de pulpe. Sans sucre ajouté». Examiner attentivement l’étiquette n’est d’ailleurs rien d’autre que le bon réflexe par excellence pour toutes les boissons.
Sébastien Sautebin
Fruits frais d’abord!
Faut-il presser soi-même son jus ou l’acheter dans le commerce? «Si ce dernier indique: 100% jus de fruits, la composition sera à peu près identique à celle d’un jus pressé maison», explique Muriel Jaquet, de la Société suisse de nutrition (SSN). A l’exception d’une potentielle différence de goût, l’apport nutritif est donc relativement similaire.
La meilleure solution consiste toutefois à manger des fruits frais, pour bénéficier de leurs fibres et substances végétales secondaires. De manière globale, les nutritionnistes considèrent que, sur les cinq portions de fruits et légumes conseillées quotidiennement, une peut être prise sous forme de jus.
Mais attention à ne pas en abuser, car ils sont riches en sucres et représentent un apport énergétique important.