Depuis le mois de juillet dernier, les Suisse qui font leurs courses à l’étranger n’ont le droit d’importer qu’un kilo de viande par personne contre 4 kg auparavant. Au-delà de ce seuil, chaque kilo supplémentaire est facturé 17 fr. Par ailleurs, la quantité maximale importable de 20 kg par jour a été supprimée. Cette réforme entend limiter les achats hors de nos frontières.
Pourtant, elle a toujours inquiété la filière de la viande. D’autant plus fortement encore depuis la chute du cours de l’euro. La majorité du Conseil national s’est donc élevée récemment contre ce qui est, selon elle, un privilège accordé aux particuliers qui peuvent ainsi importer de la viande à des tarifs meilleur marché que les commerçants, soumis eux à une taxe de 23 par kg. Toujours selon la chambre du peuple, les commerçants seraient donc tentés de déclarer de manière abusive leurs achats à l’étranger comme importation privée. Par conséquent, la majorité de droite exige que le Conseil fédéral établisse des conditions équivalentes pour les commerçants et les particuliers.
Consommateurs pénalisés
Selon la socialiste Prisca Birrer-Heimo, les nouvelles règles ont au contraire pénalisé les consommateurs. Dans l'ancien règlement, la volaille, la viande séchée, fumée, grillée ou rôtie, les saucisses et les préparations de viande entraient dans une catégorie spécifique. Chaque personne pouvait en importer 3,5 kilos sans devoir le déclarer, en plus des 500 grammes de viande autorisés. Or, aujourd’hui, il n’y a plus qu'une seule catégorie de marchandises carnées et la franchise quantitative est fixée à un kilo par jour et par personne.
Eveline Widmer-Schlumpf a, elle aussi, défendu en vain la simplification opérée. Selon elle, en agissant de la sorte, le Conseil national ne fait que favoriser la bureaucratie alors que le vrai problème est la contrebande. Or, le phénomène est indépendant des franchises.
Les achats à l’étranger sont surtout une manne financière providentielle pour Berne. Jugez-en plutôt: sur les 60 milliards de recettes que l’Etat réalise chaque année, plus du tiers est issu des droits de douane et de la TVA sur les importations. A elle seule ladite TVA représente 12 milliards de francs par an. D’autres taxes sur l’alcool, le tabac et le carburant existent également, qui engrangent 1 milliard de franc supplémentaire. Quant à celles prélevées directement à la douane, elles rapportent encore 45 millions de francs annuels…
Lukas Bertschi / cg